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AGOA : Un accord de libre-échange inégalement profitable en Afrique

KongoTimes | 13 août 2014

AGOA : Un accord de libre-échange inégalement profitable en Afrique

Parmi les annonces, faites pendant le sommet USA - Afrique de Washington, on retient l’engagement de Barack Obama à travailler pour que l’accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’Afrique (AGOA), soit reconduit. Obama souhaite voir voter par le Congrès le renouvellement de cet accord de libre échange sur le long terme, modernisé. Il reste une année pour y parvenir, et le président des Etats-Unis se dit persuadé que, sur ce sujet, démocrates et républicains vont trouver un accord, ce qui est extrêmement rare en cette période de campagne électorale. Aujourd’hui, en réalité, très peu de pays africains tirent profit de l’AGOA, et un nombre limité de produits sont concernés : il s’agit essentiellement des hydrocarbures. L’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola s’offrent la part du lion, et au total, tous les échanges entre les Etats-Unis et les 54 pays africains sont à peine équivalents au commerce entre l’Amérique et le Brésil. L’Afrique francophone apparait très loin. Tout est à faire, et sur ce point au moins, décideurs politiques et économiques sont sur la même longueur d’onde.

Le sommet USA-Afrique de Washington aura vécu. Les dirigeants de 47 pays africains invité à cette rencontre, les 5 et 6 août dernier, pourront se féliciter d’avoir été reçus avec tous les égards dus à leur rang. Les sujets qui fâchent ont été escamotés. Barack Obama a privilégié les questions économiques au détriment des questions politiques. Une désillusion pour les Africains qui espéraient beaucoup de lui.

Certains Africains, encore naïfs, pensaient que cette rencontre aura un impact sur la marche du continent. Ils ont rêvé d’un autre monde. Leurs attentes ont été déçues.

Effectivement, l’on s’attendait à ce que soient abordés, au cours de ce sommet, les thèmes relatifs à la bonne gouvernance et aux droits de l’homme. Que nenni, il n’en était pas question. La gouvernance économique a nettement pris le dessus.

Soucieux de reprendre la main sur le business africain, le président Barack Obama a dit avoir recensé 33 milliards de dollars de promesses d’investissement pour le continent, secteurs public et privé confondus.

A cet effet, il a assuré que son pays œuvrait pour un partenariat « d’égal à égal » et sur le long terme. Et dans une pique à peine voilée à son concurrent la Chine, il a déclaré : « nous ne voulons pas juste extraire vos ressources minérales pour notre propre croissance ».

UN ACCORD DE LIBRE-ECHANGE INEGALEMENT PROFITABLE EN AFRIQUE

Parmi les autres annonces, on retient également l’engagement de Barack Obama à travailler pour que l’accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’Afrique (AGOA), soit reconduit. Barack Obama souhaite voir voter par le Congrès le renouvellement de cet accord de libre échange sur le long terme, modernisé. Il reste une année pour y parvenir, et le président des Etats-Unis se dit persuadé que, sur ce sujet, démocrates et républicains vont trouver un accord, ce qui est extrêmement rare en cette période de campagne électorale.

Aujourd’hui, en réalité, très peu de pays africains tirent profit de l’AGOA, et un nombre limité de produits sont concernés : il s’agit essentiellement des hydrocarbures. L’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola s’offrent la part du lion, et au total, tous les échanges entre les Etats-Unis et les 54 pays africains sont à peine équivalents au commerce entre l’Amérique et le Brésil. L’Afrique francophone apparait très loin. Tout est à faire, et sur ce point au moins, décideurs politiques et économiques sont sur la même longueur d’onde.

NI GOUVERNANCE, NI DROITS DE L’HOMME

Le président américain n’a parlé ni de bonne gouvernance, ni de droits de l’homme. Sans doute n’a-t-il pas voulu mettre mal à l’aise ses invités. Mais pour les Africains, Barack Obama, à la tête de la plus grande puissance démocratique au monde, devait profiter de cette occasion unique pour dénoncer l’arrogance de certains dirigeants africains qui refusent de respecter les principes de libertés démocratiques, les valeurs des droits humains et la notion de liberté d’expression.

Certes, dans l’entourage du chef de l’exécutif américain, des propos avaient été tenus contre les révisions constitutionnelles. Et il est de notoriété publique que le président Obama réprouve ces pratiques orchestrées par certains dirigeants africains pour se pérenniser au pouvoir.

« L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais des institutions fortes », avait-il dit à Accra en 2009.

Mais les Africains auraient souhaité qu’il le leur dise en face et insiste sur la nécessité, pour chaque pays, de respecter la constitution. Ce n’est toujours pas à l’approche de chaque élection qu’il faut modifier la règle du jeu.

Pour eux, les choses sérieuses n’ont pas été dites. Ce sommet ne leur aura donc pas beaucoup profité, car leurs dirigeants ont été tout simplement ménagés.

L’erreur d’Obama, c’est d’avoir privilégié les questions économiques et financières au détriment des questions politiques. Or, la gouvernance économique est tributaire de la gouvernance politique.

Convoquer un sommet africain de cette nature et ne pas insister sur les questions relatives à la bonne gouvernance et aux droits de l’homme, alors que les esprits y ont été préparés, c’est simplement déroutant.

La mauvaise gouvernance politique, dont l’ampleur est considérable dans la plupart des pays africains, rejaillit inévitablement et toujours sur les efforts déployés pour sortir le continent du bourbier de la pauvreté et du sous-développement.

C’est un fait que l’environnement politique en Afrique n’a jamais empêché les puissances occidentales ou autres de faire les affaires. Il n’est guerre étonnant que les Etats-Unis aillent chercher avant tout à défendre ses intérêts. Les 33 milliards de dollars d’investissements, ce n’est ni plus ni moins que du commerce.

En lutte contre l’envahissement du marché africain par la Chine, Washington veut combler son retard commercial en Afrique.

LE SALUT VIENDRA DES AFRICAINS EUX-MÊMES

Les Africains doivent se désillusionner. Autant ils ont rêvé à l’arrivée de Barack Obama, autant ils ont cru à tort que le sommet initié par le jeune président allait permettre de faire une mise au point officielle sur les problèmes immenses questions qui freine l’évolution du continent vers le progrès.

En politique, il n’existe ni altruisme, ni philanthropie, encore moins dans les relations entre Etats. Jamais les présidents américains n’ont été élus sur la base de leur politique étrangère, mais plutôt sur leur manière de résoudre les problèmes intérieurs. La sommet de Washington ne déçoit que ceux qui y avaient mis de l’espoir.

Il appartient donc aux Africains, à eux seuls, de se battre pour se libérer des griffes de ces nombreux dirigeants qui entendent régner ad vitam aeternam. Ils doivent lutter résolument contre ces prédateurs, fossoyeurs des aspirations des peuples. Le salut viendra des Africains eux-mêmes. Il ne faut jamais attendre des autres un hypothétique appui. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Robert Kongo


 source: KongoTimes