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ALE Maroc-USA: Ce n’est pas encore le rush

L’Economiste (Maroc) - 16/8/2006

ALE Maroc-USA: Ce n’est pas encore le rush

· Frémissement commercial

· Les exportations marocaines en légère baisse par rapport à l’année dernière

· Importations: hausse de 9% pour 3 milliards de DH

Plus de six mois après l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange Maroc-Etats-Unis, un frémissement se fait sentir dans les échanges commerciaux entre les deux pays. Il n’est pas possible d’en déduire encore des tendances macroéconomiques, les fluctuations étant très différentes d’un produit à l’autre et d’une période à l’autre.

Par ailleurs, le déséquilibre entre les deux partenaires est important. Au premier semestre 2006, le Maroc exporte quasiment deux fois moins (en valeur) que ce qu’il importe des USA pour qui le Royaume est un tout petit marché, et surtout une plateforme pour les 450 millions de consommateurs européens.

· Textile et agroalimentaire

Dans l’ensemble, selon la Chambre américaine de commerce au Maroc (Amcham), de janvier à mai 2006, le total des exportations marocaines est de l’ordre de 1,7 milliard de DH (193,8 millions de dollars). Soit une légère baisse de 1,2% par rapport à la même période en 2005. Comparé à la moyenne des exportations 2001-2005, il s’agit d’une hausse de 7,5%.

Entre 2001 et 2005, bien des tensions internationales ont mis à mal le crédit américain. C’est aussi la période de l’élaboration du projet du Grand Moyen-Orient (Mepi, middle east partnership initiative) par l’Administration de Bush qui consiste en la mise en place d’une grande zone de libre-échange entre les USA et les pays «arabes» à l’horizon 2013. Pour rappel, les Etats-Unis ont signé un accord de libre-échange avec la Jordanie et Bahreïn aussi.

Le carnage d’Israël au Liban aura-t-il un impact sur les relations commerciales des deux partenaires? Pour l’heure, les hommes d’affaires américains semblent plus offensifs ou préparés que leurs pairs marocains: les importations marocaines des USA ont augmenté de 8,8% par rapport au premier semestre 2005, pour une valeur globale de 3 milliards de DH (353 millions de dollars). C’est-à-dire, 1,8 fois plus que les exportations vers ce pays. Cela dit, la configuration des échanges a toujours maintenu le déséquilibre entre les deux partenaires. Comparées à la période quinquennale 2001-2005, les importations marocaines des USA sont en hausse d’un tiers (+32,2%). Tandis que vraisemblablement, les entrepreneurs marocains doivent encore apprendre à faire avec un marché qui fonctionne et réfléchit différemment.

· Des affaires rondement menées

Cependant, depuis le début de l’année, de belles affaires ont été rondement menées dans quelques secteurs dont le textile et l’agroalimentaire principalement: conserves d’olives, vêtements pour bébé, ou encore thermiques... etc.

Les exportateurs marocains ont compris que le marché américain est fait d’innombrables marchés. Le procédé: le ciblage de niche.

Cela dit, les Etats-Unis représentent 3% du total des importations et autant des exportations marocaines (ministère du Commerce extérieur). Soit bien peu comparé aux grandeurs des échanges avec la France et l’Espagne, premiers partenaires commerciaux du Maroc.

Ce qui a bien marché

Les exportations marocaines au cours des 5 premiers mois de 2006 représentent 1,7 milliard de DH

Elles sont en hausse pour:
 Les machines électriques: les exportations marocaines ont augmenté de 11% pour une valeur de 435 millions de DH (50 millions de dollars);
 L’habillement tissé: +81% pour 210 millions de DH (24 millions de dollars);
 L’habillement tricoté: +95% pour 130 millions de DH (15 millions de dollars);
 Les chaussures: +96% pour 44 millions de DH (5 millions de dollars);
 Les matières grasses et d’huiles: +254% pour 44 millions de DH (5 millions de dollars);
 Les fruits et les noix comestibles: +72% pour 44 millions de DH (5 millions de dollars).

D’autres produits voient leur part baisser dans les exportations vers les USA: comme le combustible minéral-pétrole, le sel, le soufre, le phosphate ou la viande préparée. En fait, on le sent bien à travers ces chiffres, il y a une inflexion dans la structure des échanges maroco-américains.

Moins de matières premières, plus de produits transformés côté marocain. Le textile et l’agroalimentaire sont les secteurs favoris. C’est tout l’enjeu de l’offre marocaine qui peine encore à s’organiser pour répondre à une demande gigantesque du marché le plus courtisé au monde.

Importations de céréales US: +50%

Les importations marocines des USA commencent à se voir sur quelques rayons de magasins d’alimentations.

Les céréales, qui sont au centre d’un enjeu social au Maroc, sont soumises à concurrence dans le cadre de l’ALE, mais dans un contexte de «protection» par des subventions et des barrières tarifaires. Or, le mécanisme de l’accord de libre-échange accorde une transition de près de 15 ans avant de libéraliser tout le secteur agricole. Mais il ne permet pas tout à fait de parer au pragmatisme américain. Malgré les barrières douanières qui demeurent pour encore longtemps, la hausse des importations de céréales entre 2005 et 2006 est de plus de 50%, pour une valeur d’environ 570 millions de DH (65 millions de dollars). Même si l’objectif des entreprises américaine n’est pas tant le marché domestique, le jeu de commerce libre ébranle directement la précaire situation des 1,5 million d’agriculteurs qui travaillent dans les céréales. C’est la raison pour laquelle les négociateurs marocains ont fait grand cas du volet agricole de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

7e fournisseur, 8e client

Selon le ministère du Commerce extérieur, la part des Etats-Unis dans les échanges commerciaux varie très légèrement sur la période 2001-2005. Elle oscille pour les importations et les exportations entre 3% et 4%. Ce qui est très peu.

En 2005, le Maroc a importé pour une valeur de 6 milliards de DH et exporté pour 2,5 milliards de DH, soit 2,5 fois moins que la valeur des importations, avec un taux de couverture de 41%. Loin derrière la France et l’Espagne, principaux partenaires du Royaume, les Etats-Unis sont par ordre d’importance le 7e fournisseur du pays et le 8e client.

Mouna KADIRI


 source: L’Economiste