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Des nouvelles de bilaterals.org

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Des nouvelles de bilaterals.org
1er septembre 2006

Chers amis,

En Septembre 2004, diverses organisations ont lancé un site Internet participatif en appui aux luttes populaires contre les accords bilatéraux de libre-échange : http://www.bilaterals.org. Les groupes à l’origine du projet étaient le Asia-Pacific Research Network, GATT Watchdog, Global Justice Ecology Project, GRAIN, IBON Foundation et XminY Solidariteitsfonds.

Au moment où le site était en construction, plusieurs opposants à la mondialisation néolibérale célébraient l’échec des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancún (Mexique), ainsi que la stagnation de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), poussée par les États-Unis. Mais dans les coulisses, de puissants gouvernements - particulièrement les États-Unis et l’Europe - s’affairaient à signer des ententes de libre-échange et d’investissements de grande portée, dans le but d’accomplir ce qu’eux et leurs multinationales n’avaient pas réussi à faire au niveau multilatéral.

Deux ans plus tard, l’OMC traverse une crise encore plus grande à la suite d’un nouvel échec des négociations en juillet 2006. Les gouvernements à travers le monde accordent maintenant encore plus d’importance aux accords bilatéraux de libre-échange. Le Bureau du représentant des États-Unis pour le commerce extérieur (Office of the US Trade Representative) est dans une course contre la montre pour conclure le plus d’ententes possible, avant que l’Autorité en matière de promotion commerciale de Bush (Trade Promotion Authority) - un pouvoir spécial accordé au président des États-Unis afin qu’il puisse négocier et signer des accords commerciaux sans pratiquement aucune intervention du Congrès - n’expire en juillet 2007. Au sommet de la liste de des pays avec qui Washington doit signer des accords de libre-échange d’ici là se trouvent la Corée du Sud, la Malaisie, la Thaïlande, l’Équateur, le Panama et les Émirats arabes unis, et les accords avec le Pérou et la Colombie restent à ratifier. Mais plusieurs autres gouvernements, incluant un nombre non négligeable de pays dits en développement, poussent également plus que jamais pour des accords exclusifs, bilatéraux et régionaux de libre-échange.

Les traités bilatéraux sont rapidement en train de devenir la pièce centrale de la politique commerciale étrangère de pays aussi divers que le Chili, la Chine, l’Inde, le Pakistan et la Suisse. Les projets d’intégration régionale entre les gouvernements - que ce soit le Mercosur en Amérique du Sud, la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, le GCC au Moyen-Orient ou l’ANASE en Asie du Sud-Est - ont du mal à suivre et à offrir une " alternative " à l’échec de l’OMC et au " fractionnalisme " des accords bilatéraux. Pendant ce temps, les gouvernements les plus puissants sont de plus en plus en compétition pour signer des accords bilatéraux avec les mêmes pays, afin de satisfaire leur propre ordre du jour géopolitique et militaire. Comme plusieurs l’ont appris, les accords bilatéraux de libre-échange n’ont souvent pas grands choses à voir avec le commerce, mais beaucoup avec la volonté de sécuriser des zones de contrôle et d’influence politiques.

Les accords bilatéraux sont bien pires que l’OMC, et ce de façon délibérée. Négociés en secret, directement avec des groupes de lobby du monde des affaires, ces accords enferment les pays dans des engagements qui ont une grande portée sur des questions allant des droits des investisseurs, à l’environnement et à la propriété intellectuelle. Ils ouvrent les marchés de l’agriculture au Sud, sans toucher aux subventions à l’agrobusiness au Nord, condamnant ainsi un nombre incalculable de petits fermiers à la faillite. Ils garantissent des droits étendus aux multinationales de faire des affaires comme elles l’entendent, incluant le droit de poursuivre des gouvernements simplement si leurs attentes en termes de profits ne sont pas satisfaites. Les traités bilatéraux privatisent les services publics, bafouent les constitutions et forces les pays à se plier aux moindres caprices des multinationales. Tout cela au nom d’une quelconque promesse de nouvelles opportunités de petit marché pour les exportateurs locaux, dont les gains ne se sont jamais rendus jusqu’aux travailleurs et eux producteurs.

Il existe maintenant plus de 2 000 accords bilatéraux d’investissement en vigueur, et leur nombre augmente chaque mois. Toutefois, malgré la vitesse avec laquelle ses accords secrets et de grande portée se multiplient, il existe aussi des victoires où la résistance populaire a réussi à entraîner leur stagnation ou leur abandon complet.

Appuyer le mouvement anti-bilatéraux mondial

Bilaterals.org a été conçu comme un site participatif à publication ouverte (open publishing) où les gens qui luttent contre les accords bilatéraux de libre-échange et d’investissement pourraient échanger de l’information et des analyses et développer une meilleure coopération. À cette époque, il n’y avait aucun site Internet d’information sur les accords de libre-échange, les bilatéraux et des liens qui existent entre eux. Ceux et celles qui travaillaient sur des campagnes contre les ententes bilatérales avaient de la difficulté à se mettre en relation avec d’autres dans le monde pour comparer leurs notes, partager leur analyse et développer des stratégies plus larges et complémentaires.

Deux ans plus tard, on peut constater que bilaterals.org est devenu une ressource utile pour les mouvements sociaux, les chercheurs des ONG, les journalistes et le public, en tant que centre d’archives d’articles, de textes d’accords, d’analyses critiques et d’outils d’éducation pour comprendre, démasquer et mobiliser contre ces accords. Le site a aussi aidé à faire voir les accords bilatéraux pour ce qu’ils sont : de puissants instruments de la privatisation et du néolibéralisme. Mais les mouvements de résistance ont besoin d’être davantage appuyés et renforcés.

Les mouvements populaires pour mettre fin aux accords de libre-échange se multiplient, particulièrement dans le Tiers monde. Mais ces mouvements sont souvent isolés les uns des autres, une conséquence directe de la stratégie du " diviser pour régner ", grâce à laquelle les bilatéraux se développent. Pour cette raison, FTA Watch, une grande coalition en Thaïlande, a invité bilaterals.org, GRAIN et Médecins sans frontières à participer à l’organisation d’une rencontre mondiale de stratégie des mouvements anti-accords de libre-échange. Nommé " Lutter contre les accords de libre-échange " (Fighting FTAs), cet atelier de trois jours s’est tenu à la fin juin 2006 à Bangkok. Soixante militants des mouvements sociaux y ont participé, provenant de l’Afrique, des Amériques et de l’Asie-Pacique, afin de partager leurs expériences de luttes populaires contre les accords de libre-échange et de développer des stratégies et des collaborations à l’échelle internationale.

Dans les semaines et mois qui viennent, divers documents, matériels audio et vidéo et des idées pour la suite seront finalisés et diffusés. Un certain nombre de propositions suggèrent un rôle plus large pour bilaterals.org. Cette lettre a ainsi pour but de vous en informer et de vous inviter à prendre part à ces nouveaux développements.

Vers un site Internet plus militant

Dans les mois qui viennent, bilaterals.org entrera dans une nouvelle phase d’expansion afin d’élargir son mandat en tant que site Internet militant au service des luttes contre les accords de libre-échange à travers le monde. Ceci devrait impliquer :

 d’ouvrir une nouvelle section pour l’échange gratuit et facile de matériel audio-visuel (vidéos, photos et enregistrements audio) entre les mouvements populaires ;
 de créer une version espagnole et française de l’ensemble du site ;
 d’intégrer une composante wiki afin de faciliter la collaboration de toutes et tous aux documents conjoints ;
 que plus de gens s’impliquent au niveau de la mise en ligne, de la traduction et de la diffusion de matériel ;
 de construire des liens structurels plus forts avec d’autres sites militants impliqués dans la lutte mondiale contre les accords de libre-échange.

Bilaterals.org est un site de publication ouverte. C’est très facile de s’y impliquer et de l’utiliser pour vos campagnes et votre travail d’éducation. La structure du site est simple. Il contient trois sections principales : des reportages quotidiens sur des négociations spécifiques ; des analyses sur la façon dont les accords bilatéraux affectent certains enjeux importants ; et les textes mêmes de certains accords. Le site contient aussi une section pour inciter à s’impliquer davantage, dans laquelle vous pouvez mettre en ligne des actions urgentes, du matériel de campagnes et des liens vers d’autres sites Internet.

Pour participer, vous n’avez qu’à vous enregistrer en tant que « contributeur » à bilaterals.org. Ceci vous permet de mettre en ligne des documents, des photos, des liens et des commentaires. Si vous souhaitez prendre en charge une section en particulier, ou si vous voulez faire des suggestions pour améliorer le site, n’hésitez pas. Même si personne ne possède ou ne contrôle bilaterals.org, un petit groupe de personnes collaborent de façon informelle afin de maintenir le site à jour régulièrement. Vous pouvez vous joindre à l’équipe ou faire parvenir toute question ou suggestion en écrivant à admin@bilaterals.org.

Que nous soyons engagés dans des luttes concernant la souveraineté alimentaire, l’accès à l’eau potable, à la santé, à la sécurité d’emploi, ou concernant les problèmes qu’entraînent les activités minières ou le biopiratage, ou encore l’avenir des médias et de l’éducation, les accords bilatéraux de libre-échange et d’investissement créent de nouvelles règles et réalités menaçantes, qui nous affectent tous et toutes. Nous devons approfondir notre compréhension de ces processus et apprendre des expériences de chacun afin de construire des mouvements et des mobilisations plus fortes contre ces instruments de la mondialisation néolibérale.

Bilaterals.org vise à fournir un appui modeste à ces luttes. Nous vous invitons à participer à la poursuite de la construction de ce site Internet participatif et à faire connaître l’existence de bilaterals.org parmi vos réseaux.

Solidairement,

Aziz Choudry, GATT Watchdog, membre du conseil d’administration du Global Justice Ecology Project
Paul Pantastico, webmestre de bilaterals.org
Renée Vellvé, GRAIN
Carlos Vicente, GRAIN
équipe Web de bilaterals.org

Pour aller plus loin...

 Le Bangkok Post a publié deux reportages portant sur l’atelier " Lutter contre les accords de libre-échange " (Fighting FTAs’), le premier le 2 août 2006 (http://www.bilaterals.org/article.php3?id_article=5386) et le second le 13 août 2006 (http://www.bilaterals.org/article.php3?id_article=5521).

 Bilaterals.org est récemment intervenu dans un reportage de la BBC sur la crise que traverse l’OMC et sur la façon dont cela peut promouvoir les négociations d’accords bilatéraux (Evan Davis, rédacteur de la BBC / économie, « The Death of the WTO’s Doha Talks’ », BBC News, Londres, 25 juillet 2006, http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/5215318.stm). Le International Herald Tribune a aussi publié un reportage sur le pour et le contre des accords de libre-échange (Daniel Altman, «Managing Globalization: A new trade bandwagon - Are rich-poor pacts fair? », International Herald Tribune, Paris, 8 août 2006, http://www.iht.com//articles/2006/08/08/business/glob09.php).

 Visitez le site à www.bilaterals.org ou contactez-nous à admin@bilaterals.org.

 Bilaterals.org offre des envois courriels personnalisés afin que vous puissiez surveiller les nouveaux documents mis en ligne sur des sujets spécifiques de votre choix (par exemple, « Afrique du Sud », « US-Corée », « propriété intellectuelle », « actions ») et dans la langue que vous préférez. Pour en savoir plus : http://www.bilaterals.org/plan.php3.