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Ghana-Burkina : Les paysans veulent forcer les pas de l’intégration

Lefaso.net

Ghana-Burkina : Les paysans veulent forcer les pas de l’intégration

jeudi 27 avril 2006.

Navrongo, petite ville ghanéenne frontalière du Burkina a été l’épicentre du lancement de la Semaine du commerce et de l’intégration régionale. C’était le 24 avril 2005. Un événement créé par des organisations paysannes du Burkina Faso et du Ghana, pour revendiquer plus d’intégration, plus de libre circulation de personnes et de biens entre les deux pays afin de permettre aux petits producteurs de vivre mieux de leurs activités et de lutter contre la pauvreté.

Combien étaient-ils sur la grande place de Navrongo ? Huit cent mille ou mille cinq cent ? Qu’importe. Pour les organisateurs, il fallait donner la parole aux paysans, et ils en ont profité.

Sur les banderoles, les casquettes et les T-shirts, les messages étaient clairs : appel à une saine application diligente des protocoles de la CEDEAO ; invitation des deux gouvernements à mettre en oeuvre le protocole de la CEDEAO. Des messages hostiles , il y en a eu également, notamment contre l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne et contre "les ruses" de la CEDEAO. Pour les paysans, une application de l’APE à l’état actuel de la situation serait un désastre. Ils demandent plutôt de renforcer certains instruments de l’intégration, précisément le Tarif extérieur commun (TEC) qui ne protège pas assez, selon eux, l’agriculture de la région. Les paysans, pour soutenir leur démarche, ont adressé une pétition aux autorités des deux pays, leur demandant de "supporter et faciliter le plan de libéralisation des échanges" au sein de la communauté.

Une des clés de la réussite de l’intégration repose sur la facilitation des échanges entre les Etats. C’est pour cette raison que les paysans, les transporteurs, les commerçants ont fait la requête de voir lever toutes les barrières qui sont une entrave à la libre circulation des personnes et des biens. Pour soutenir leurs propos, les résultats de deux études ont été présentés au public et aux autorités. Ces deux études devraient servir de base au plaidoyer pour la levée des multiples postes de contrôle. Sur l’axe Téma-Paga, 6 barrières officielles ont été recensées pour la police contre 9 pour la douane. Sur l’axe Hamelé- Bobo, 14 postes de contrôle ont été identifiés. Par contre sur l’axe Ouaga-Paga, 12 postes de contrôle ont été recensés. Ces barrières concernent les forces de police , de gendarmerie et des douanes.

Cette étude a également établi les temps mis sur chaque corridor afin de mettre en évidence les pertes de temps et d’argent que causent ces barrières.

Cela valait bien une prière afin d’amener les autorités de la CEDEAO à entendre raison. Le révérend Chambo a donc prié. Il a cité le chapitre 5 du livre d’Amos et demandé le vrai libre échange entre les deux pays au nom du bien et de la justice aux portes de nos villes.

La bonne nouvelle est venue du côté du Burkina. Le secrétaire permanent de la commission nationale pour l’intégration, Jamano Lompo, a annoncé dans son intervention que les contrôles sur les axes routiers du Burkina ont été suspendus depuis quelques semaines, conformément à l’esprit du traité de la CEDEAO et de l’UEMOA. Il a réaffirmé la volonté des deux pays à aller vers plus d’intégration. Les échanges entre ces deux pays sont en nette augmentation depuis le début de la crise ivoirienne. Le représentant du gouverneur de Upper East région, tout en saluant cette initiative a invité les transporteurs à se mettre en règle vis-à-vis des textes et de s’acquitter des droits de douanes dus. Il a indexé les transporteurs de tomates.

Près de 500 producteurs burkinabè ont franchi la frontière pour participer à cet événement qui a débuté par une procession dans les rues de la ville de Bolgatenga, à une dizaine de kilomètres de Navrongo. Au menu, fanfare et slogans pour la mise en oeuvre des protocoles de la CEDEAO, l’ intégration entre les deux pays et lutte contre la pauvreté.

La journée du 25 avril a été consacrée à une course cycliste. Partie de Paga à la frontière du Burkina, l’arrivée a été jugée au lieu du meeting à Navrongo. Une quarantaine de participants dont trois femmes ont pris part à la course.

La Semaine du commerce et de l’intégration se poursuit au Burkina et au Ghana à travers des conférences et des émissions radio télé. Elle a été organisée dans le cadre du Programme d’accès au marché, appuyé par OXFAM-GB et Comic Relief au profit des petits producteurs du Burkina et du Ghana.

Le Pays


 source: Lefaso.net