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Le poulet européen vendu à vil prix sur les marchés africains

Commodafrica | 26 février 2018

Le poulet européen vendu à vil prix sur les marchés africains

Depuis la fin de l’année dernière, le poulet brule entre l’Union européenne et l’Afrique. L’Afrique du Sud et le Ghana se sont alors ralliés pour contrer ce qui apparaît comme une offensive commerciale majeure de l’Europe pour vendre à vils prix de la viande de poulets dont parfois l’origine fait doute, souligne le consultant Paul Goodison de GDC-Partners. D’où leur appel conjoint à relever les protections douanières sur la volaille du Brésil, de l’UE et des Etats-Unis.

Les statistiques témoignent de la capacité des exportateurs européens de passer facilement d’un marché africain à un autre, au gré des restrictions à l’importation édictés par les pays africains. Ainsi, suite à l’interdiction faite par Pretoria en décembre 2016 d’importer de la volaille de certains pays européens, ces exportations européennes vers l’Afrique du Sud ont effectivement chuté de 72% de janvier à novembre 2017 par rapport à la même période en 2016 (de 205 220 t à 62 984 t). Parallèlement, relève GDC-Partners, elles ont progressé de 73% vers le Ghana (de 57 353 t à 99 020 t), de 89% vers le Gabon (de 20 405 t à 38 566 t) et de 59% vers la RD Congo (de 27 275 t à 43 278 t). Au total, de la viande de volailles de l’UE serait vendue dans pas moins de 38 pays d’Afrique sub-saharienne.

Toutefois, cette viande ne serait pas toujours en provenance de l’UE, une partie venant notamment d’Ukraine. En effet, des entreprises ukrainiennes auraient investi dans des sociétés aux Pays-Bas et exporteraient des volailles pour y être découpées et emballées, les commercialisant comme si originaires de l’UE. Ce qui soulève la question des règles d’origine, souligne Paul Goodison de GDC-Partners.

Ceci a des conséquences majeures sur les filières africaines. Ainsi, les unités de transformation de volailles au Ghana auraient vu leur capacité de production réduite à 25% tandis que les industries d’embouche n’opèrent qu’à 42% de leurs propres capacités. Actuellement, selon l’étude de GDC-Partners, 95% du marché ghanéen en viande de volailles serait approvisionné par des importations. "Si les importations étaient réduites, l’industrie de la volaille au Ghana pourrait lancer une vaste opération d’embauches, créant plus de 200 000 emplois", a souligné Victor Oppong Adjei, président de la Ghana National Poultry Association.

La progression est significative : en 2003, 26,5% des exportations européennes de viande de volaille étaient à destination des marchés africains, une part de marché qui serait passée à 46,8% en 2016, les volumes, quant à eux, faisant un bond de 147%, de 273 420 t à 674 877 t.


 source: Commodafrica