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Libre-échange: début des discussions entre l’Inde et le Canada

Presse Affaires | le 12 novembre 2010

Libre-échange: début des discussions entre l’Inde et le Canada

Heather Scoffield

La Presse Canadienne
Séoul, Corée du Sud

Les discussions entre le Canada et l’Inde quant à un possible accord de libre-échange ont officiellement été lancées. Le premier ministre Stephen Harper et son homologue indien, Manmohan Singh, ont annoncé la nouvelle vendredi à l’occasion du sommet du G20, qui se déroulait à Séoul, en Corée du Sud. Le Canada et l’Inde planchent sur l’idée d’un accord de libre-échange depuis quelques années déjà.

Au mois de septembre, une étude révélait qu’un tel accord serait profitable pour les deux gouvernements. Le document indiquait qu’un accord de libre-échange augmenterait la production annuelle de chaque pays d’environ 6 milliards et accroîtrait les accords bilatéraux de 50%.

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont grimpé à 4,2 milliards en 2009, un niveau record mais qui demeure en deçà des échanges du Canada avec d’autres partenaires.

Toutefois, l’économie indienne est en pleine émergence et devrait bientôt devenir la troisième économie mondiale, selon le gouvernement canadien.

Les relations entre les deux pays n’ont pas toujours été des plus cordiales. Le Canada s’est déjà montré réticent à commercer avec un État ayant des activités nucléaires. Les deux pays ont cependant signé une entente nucléaire en juin, un pacte que le premier ministre indien a qualifié de «profond changement» dans leurs relations.

Aucun échéancier n’a été fixé quant à un accord de libre-échange. «Nous travaillerons fort afin que les négociations soient concluantes et réussies, et ce, dès que possible», a déclaré le premier ministre Harper.

On soulignait également dans l’étude que de possibles problèmes étaient à prévoir quant aux négociations. Le Canada souhaite habituellement inclure des clauses préservant les normes du travail et de l’environnement, alors que l’Inde préfère les ententes commerciales qui ne comportent pas de telles contraintes.

Le Canada devrait néanmoins s’attendre à de difficiles négociations pour conclure cet accord, selon Daniel Schwanen, expert en commerce international au Centre pour les innovations internationales en matière de gouvernance, basé à Waterloo, en Ontario.

L’Inde est un partenaire commercial recherché et le Canada devra être prêt à lui ouvrir ses frontières, et ce, sans contraintes, a-t-il déclaré. «Ce sera un choc», a ajouté M. Schwanen.

Ottawa a souvent vanté ses accords de libre-échange, mais l’expert souligne qu’ils ont été conclus avec de plus petits joueurs économiques. Selon lui, l’expérience avec l’Inde sera différente.

Le Canada a connu des difficultés par le passé en matière d’accords de libre-échange en Asie. Les négociations pour une telle entente avec la Corée du Sud ont échoué, en raison d’exigences irréconciliables. Les discussions avec Singapour ont, quant à elles, sombré dans l’oubli.

Ottawa a également été mis de côté dans l’accord de libre-échange des pays du Pacifique (TPP). L’entente, réunissant à ses débuts une poignée d’États seulement, fait désormais l’envie des partisans du libre-échange. La file d’attente pour y accéder se rallonge, surtout depuis que les États-Unis s’y sont joints. Washington souhaite ainsi s’assurer que la Chine ne deviendra pas l’acteur économique principal en Asie.

Le premier ministre Harper sera au Japon ce week-end, afin de rencontrer neufs dirigeants de pays asiatiques et leur demander que le Canada puisse revenir à la table des négociations.

Il n’a toutefois pas indiqué s’il était disposé à renoncer au principe de gestion de l’offre pour les industries canadiennes du lait et de la volaille. Le Canada avait déjà refusé d’intégrer le TPP par le passé parce qu’il ne voulait pas renoncer à cette politique.

Une étude récemment publiée par des spécialistes canadiennes en matière de commerce international a révélé que le Canada devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour se joindre au TPP.

Les chercheuses Wendy Dobson et Diane Kuzmanovic, de l’Université de Toronto, soutiennent que depuis que les États-Unis sont membres du TPP, cet accord représente une part cruciale du commerce international.

Selon les auteures, le Canada pourrait, en se joignant au TPP, renforcer ses relations commerciales avec les États-Unis, alors que l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est en déclin, et développer des liens forts avec l’un des marchés les plus dynamiques au monde.


 source: Presse Affaires