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Lobbying pour le report de l’entrée en vigueur des Ape

Le Messager (Cameroun) | le 05 octobre 2007

Lobbying pour le report de l’entrée en vigueur des Ape

A moins de trois mois de la date butoir, les organisations internationales montent au créneau pour exprimer leurs inquiétudes et demander un report.

Par Mathieu Nathanaël NJOG

Les Accords de partenariat économique (Ape) devraient entrer en application le 1er janvier 2008. L’Union européenne a fixé au 31 décembre 2007 la date butoir pour la signature des Ape. Mais en Afrique, plusieurs voix s’élèvent pour proposer un report. Certaines organisations internationales ont même lancé une campagne pour s’opposer à leur signature. Les institutions de Bretton Woods et l’Oif se joignent au combat.

En effet le secrétaire de l’Organisation internationale de la francophonie, Abdou Diouf, a exprimé son inquiétude pour l’Afrique. “ Je ne vous cacherai pas que je suis inquiet à l’idée de voir nos Etats [africains] signer ces Accords alors que beaucoup d’entre eux sont en position de faiblesse manifeste ”, a déclaré-t-il le 27 septembre 2007 à Tunis lors de son passage à la Banque africaine de développement (Bad). C’était dans le cadre du programme des “ Eminents conférenciers ”. Comme solution, le patron de l’Oif préconise “ une période de transition, organisée selon un calendrier rigoureux et détaillé... [D’autant plus qu’] un certain nombre de pays ont encore un long chemin à faire pour atteindre un niveau minimal d’intégration ”.

A la Banque mondiale, bien que les économistes des 185 pays disent qu’ils soutiennent des mesures pour promouvoir le commerce entre l’Europe et l’Afrique, ils suggèrent la nécessité d’avoir plus de temps pour débattre du type d’accord global de libéralisation du marché que valorise de plus en plus la Commission européenne. Un expert de la Banque mondiale a déploré le fait que depuis le lancement du concept en 2002, c’est véritablement au cours des deux dernières années que les discussions visant à sa réalisation se sont sérieusement déroulées. “ C’est une période plutôt courte pour développer un degré de bien-être ”, a indique-t-il. Par ailleurs, cette source a déclaré qu’il y a un manque de clarté au sujet de certaines des questions principales soulevées lors des négociations, notamment le niveau d’assistance qui sera accordée aux pays Acp, afin qu’ils puissent renforcer leurs capacités pour profiter de nouvelles opportunités commerciales.

On se souvient qu’en mai dernier, la commission de l’Ue et ses Etats membres se sont engagés à accorder deux milliards d’euros (1322 milliards Fcfa) pour une aide annuelle au commerce qui sera débloquée d’ici à 2010. “ Ce n’est pas clair pour les Africains et pour être honnête, ce n’est pas totalement clair pour nous la proportion de l’aide au commerce qui sera ajoutée au fonds précédemment assigné à l’aide au développement”, a souligné l’expert.

La Banque mondiale ne s’oppose pas au principe d’avoir des accords relatifs à l’investissement ; mais elle soutient que la commission Ue devrait faire attention aux préoccupations soulevées par les pays africains. Dans tous les cas, “ il serait mieux de reporter ces questions jusqu’à ce que les Africains soient prêts ”, a ajouté l’expert de la Banque mondiale.

Dans la même lancée, les diplomates africains suggèrent de conclure un accord commercial allégé d’ici à cette date. Un tel traité décrit sous le nom “ d’accord-cadre ” concernera uniquement le commerce des biens, laissant d’autres questions controversées comme la libéralisation des services jusqu’à une date ultérieure.


 source: Le Messager