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Montre moi ton tracteur, je te dirai qui tu es

24 heures actu | 7 septembre 2015

Montre moi ton tracteur, je te dirai qui tu es

Louis Blase

Plus de 1500 tracteurs sont attendus (avec leurs chauffeurs) ce jeudi 3 août 2015 à Paris. Il ne s’agit pas de chanter Joe Dassin «En tracteur à Paris, on dépasse les taxis… », mais d’anticiper le sacrifice annoncé des agriculteurs français, derniers survivants de la transition démographique communément appelée «exode rural».

Contrairement à la gôche de gouvernement, les agriculteurs tiennent leurs promesses. Ils l’avaient annoncé en août, ils mettent leur menace à exécution en septembre : bloquer la capitale avec des centaines de tracteurs venus de toute la France, pour que le sacrifice de leur profession qui s’annonce avec le TTIP/TAFTA ne passe pas inaperçu.

Les Français ont-ils compris l’enjeu des accords secrets qui se trament actuellement dans les bureaux de la commission européenne ? Il semble que non. Alors que les prix de vente de leurs produits, comme le lait et la viande, se sont effondrés, leurs charges ont augmenté continuellement.

Si bien qu’aujourd’hui, les agriculteurs n’arrivent même plus à vivre de leur métier. Une importation massive de produits américains, canadiens et néo-zélandais, tel que cela se trame à Bruxelles, serait comme le couperet de la guillotine, silencieuse et sans appel. De 400 000 exploitations aujourd’hui survivantes, il n’en resterait qu’à peine 40 000 dans dix ans.

La FNSEA ne se trompe pas en demandant un moratoire d’un an sur les réglementations. Pourquoi ? Parce que le syndicat veut se donner le temps de percer le secret des accords commerciaux qui pourraient bien être appliqués en 2016 par des socialistes en fin de mandat. On connaît leur hypocrisie. La clique gouvernementale n’a pas hésité à sacrifier les bateaux Mistral et le marché russe des produits agricoles. Alors pourquoi ne sacrifieraient-ils pas les agriculteurs à un moment où le PS quitterait les fonctions gouvernementales, dans tous les cas.

Outre, le moratoire, les agriculteurs demandent des mesures financières, des réformes de fond sur la gouvernance des filières et l’organisation des marchés. Ils dénoncent la guerre des prix qui ignore leurs coûts de production. Ils demandent aux transformateurs d’appliquer les engagements qu’ils ont pris en juillet dernier, notamment celui de payer aux éleveurs 34 centimes le litre de lait. Beaucoup de transformateurs ne jouent pas le jeu.

La France aime et soutient ses agriculteurs. Halte au sacrifice de la France nourricière.


 source: 24 heures actu