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Pékin et Berne surprennent l’Europe avec un projet de libre-échange

Les Echos | | 27/05/2013

Pékin et Berne surprennent l’Europe avec un projet de libre-échange

Par Gabriel Gresillon

Le nouveau protocole d’accord avec la Suisse représente une percée stratégiquement importante pour la Chine.

Comme un pied de nez à l’Union européenne. En pleine poussée de tension commerciale entre Bruxelles et Pékin, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a signé, ce week-end, un protocole d’accord par lequel la Chine et la Suisse s’engagent à signer un accord de libre-échange. Ce qui devrait être fait dès cet été.

Pour Berne, les avantages sont évidents : le pays, qui fait partie des rares nations développées à afficher une balance commerciale excédentaire avec Pékin, espère trouver là un débouché supplémentaire pour ses groupes, dans des secteurs aussi divers que l’horlogerie, la pharmacie, la chimie ou la machine-outil. La croissance de la Chine est alléchante : le commerce bilatéral avait augmenté de plus de 50 % entre 2010 et 2011. Il s’agit aussi, pour le pays alpin, de se poser en porte d’entrée du Vieux Continent, au moment où celui semble hésiter à maintenir ses portes ouvertes à la Chine. Et de prendre l’avantage sur les groupes concurrents des pays voisins. En matière financière, Berne a, en outre, lancé avec Pékin un « dialogue financier » dont il espère qu’il lui permettra de se positionner sur le marché très alléchant du yuan offshore. Comme Londres, Paris ou Francfort…

Fidèles à leur tradition, les médias officiels chinois louent, de leur côté, la portée « considérable » de cette visite. Le terme est évidemment excessif, mais, incontestablement, il s’agit pour Pékin d’une percée. Outre qu’il pose la Chine en partisan du libre-échange face à une Europe beaucoup plus hésitante, c’est la première fois, a souligné le Premier ministre, Li Keqiang, que la Chine signe un tel accord avec un pays développé. Cela doit donc contribuer à poser la Chine en partenaire commercial respectable au sein du club des pays les plus avancés économiquement.

Cet accord balaye en effet un spectre assez large qui éloigne un peu plus Pékin de son statut de simple « atelier du monde ». D’après le ministre du Commerce chinois Gao Hucheng, la coopération en matière d’emploi et les échanges d’informations au sujet des marchés publics feraient partie des sujets couverts. De même, le Premier ministre a longuement insisté sur le caractère fondamental de la protection de l’innovation et de la technologie, des sujets également inclus dans le texte.

Gabriel Grésillon, Les Echos
Correspondant à Pékin


 source: Les Echos