Les agriculteurs américains contre la disparition de l’Aléna

VOA | 27 avril 2017

Les agriculteurs américains contre la disparition de l’Aléna

Les menaces d’une éventuelle sortie des Etats-Unis de l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) inquiètent les agriculteurs américains qui ne veulent pas perdre l’accès aux marchés canadien et mexicain, respectivement leurs deuxième et troisième clients derrière la Chine.

Depuis l’entrée en vigueur en 1994 de cet accord, les ventes de produits agricoles et agroalimentaires vers ces deux destinations ont progressé beaucoup plus vite qu’avec le reste du monde: elles ont presque quadruplé vers le Canada et ont été multipliées par cinq vers le Mexique.

Mais Donald Trump ne cesse de dénoncer cet accord, le qualifiant de "désastre complet pour les Etats-Unis". Il a encore tweeté jeudi que "si nous ne parvenons pas à un accord équitable pour tous, nous mettrons en conséquence un terme à l’Aléna".

Pas question d’en arriver là pour les agriculteurs. Leurs divers représentants s’activent à Washington, à grand renfort de communiqués et de réunions avec les responsables politiques.

"Nous ne voulons pas retourner en arrière avec le Mexique et le Canada", a expliqué à l’AFP David Salmonsen, directeur des relations avec le Congrès de l’American Farm Bureau Federation (AFBF).

"On ne veut voir personne imposer des droits de douane ou de quelconques barrières non-tarifaires", a-t-il souligné.

Vieilles querelles

Aujourd’hui, plus aucun obstacle douanier ne se dresse sur le chemin des marchandises agricoles américaines à destination du Mexique et c’est aussi le cas vers le Canada, à l’exception notable du lait, de la volaille et des oeufs qui restent l’objet de controverses régulières entre les deux pays.

En 2016, plus de 20,5 milliards de dollars de produits agricoles et agroalimentaires américains ont pris la direction du Canada, soit 15% de des exportations américaines totales. En tête de produits achetés par le Canada: les aliments transformés, suivis par les légumes et les fruits.

Avant même le début de tractations sur une refonte de l’Aléna, qui doivent être précédées aux Etats-Unis d’une notification au Congrès, Donald Trump a fait monter la pression en imposant en début de semaine des taxes sur les importations de bois de construction en provenance du Canada, un sujet de discorde entre les deux pays vieux de 35 ans.

Dans un premier temps, cette décision a surtout tendu les relations des Etats-Unis avec son voisin du nord alors que le président américain avait déjà promis de défendre les producteurs laitiers face aux freins auxquels ils font face, selon M. Trump, pour vendre leurs produits au Canada.

Maïs vers le Mexique

"Il est important de régler ce qui ne va pas, le commerce de produits laitiers avec le Canada, et de préserver ce qui fonctionne, notre relation avec le Mexique", a dit Chris Galen, un porte-parole de la Fédération nationale des producteurs de lait (NMFP).

"Les Etats-Unis ont vendu pour 1,2 milliard de dollars de produits laitiers aux consommateurs mexicains, ce qui représente presque un quart des exportations américaines" de ce type de produits, a-t-il rappelé dans un courriel à l’AFP, jugeant la relation entre les deux pays "vitale".

Le Mexique achète au total pour 17,9 milliards de dollars aux fermiers américains, soit 13% de leurs exportations. Mais les relations avec ce pays souffrent des déclarations de Donald Trump sur l’immigration et de sa volonté de construire un mur entre les deux pays.

Principaux intéressés, les producteurs de maïs s’activent pour défendre l’Aléna. Le Mexique est leur premier marché à l’export, principalement pour l’alimentation du bétail. "Nous voulons faire tout ce que nous pouvons pour que ce marché nous reste ouvert", a indiqué à l’AFP Kurt Hora, de l’Association des cultivateurs de maïs de l’Iowa, un Etat du centre des Etats-Unis, premier producteur du pays de maïs, vantant les mérites de ce "marché local, avec un accès facile".

Un combat d’autant plus essentiel que le Mexique a déjà pris contact pour s’approvisionner auprès d’autres producteurs comme l’Argentine ou le Brésil, bien décidé à en faire un levier supplémentaire à la table des négociations.

Excluant une sortie de l’Aléna, les agriculteurs américains esquissent leur scénario idéal: une modernisation de l’Aléna afin de faire avancer certaines de leurs revendications, comme un plus grand accès encore au marché canadien ou l’harmonisation de certaines normes.

Des sujets qui avaient en partie été traités au sein du traité de libre-échange transpacifique (TPP) dont les trois pays devaient faire partie... mais qui a été rejeté dès sa prise de fonction par Donald Trump.

source : VOA

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