Juncker motivé pour de nouveaux accords commerciaux

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EURACTIV.com | 30 août 2017

Juncker motivé pour de nouveaux accords commerciaux

Par : Jorge Valero | EURACTIV.com | translated by Marion Candau

Le président de la Commission souhaite négocier de nouveaux accords de libre-échange. Des propositions sur l’encadrement des investissements étrangers feront aussi partie de son discours sur l’état de l’Union.

Le commerce jouera un rôle majeur dans le discours sur l’état de l’Union lors de la séance plénière du 13 septembre à Strasbourg.

Selon un haut responsable, ce discours sera différent de celui de l’année dernière, qui s’était traduit par beaucoup de battage médiatique et peu de propositions.

Jean-Claude Juncker demandera notamment aux États membres de lui donner le feu vert pour commencer à négocier des accords de libre-échange avec divers pays.

Les responsables ont refusé de confirmer les noms des pays, mais ont affirmé qu’il s’agirait de partenaires importants, comme les dirigeants que le président de la Commission a rencontrés durant le sommet du G20 à Hambourg.

Jean-Claude Juncker a tenu des entretiens bilatéraux avec la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Vietnam et l’Argentine.

L’UE a déjà signé un accord de libre-échange (ALE ) avec le Vietnam en 2015 et négocie actuellement un accord avec le Mercosur, un groupement de pays d’Amérique du Sud, incluant l’Argentine.

Le commerce est devenu une priorité pour la Commission Juncker, qui le considère comme un important moteur de croissance. Toutefois, la libre circulation de biens et de services préoccupe de plus en plus les citoyens, qui s’inquiètent que ces accords commerciaux, négociés à huis clos, soient néfastes pour les normes sanitaires et environnementales.
L’UE s’embarque dans de nouveaux accords de libre-échange

Le TTIP est gelé, le CETA s’apprête à entrer en vigueur de manière provisoire et les négociations avec le Japon sont presque terminées. La Commission n’aura cependant pas le temps de se reposer sur ses lauriers : elle a un programme chargé de négociations commerciales à mener. Un article d’Euractiv Allemagne.

Par ailleurs, des pays libéraux comme l’Allemagne ont rejoint le camp des États protectionnistes comme la France après l’acquisition par des investisseurs étrangers, notamment la Chine, de certaines de leurs entreprises de pointe.

Afin de répondre aux inquiétudes des citoyens et des gouvernements nationaux, Jean-Claude Juncker devrait annoncer un règlement comprenant des lignes directrices pour aider les États membres à élaborer des lois permettant de contrôler les investissements étrangers.

En parallèle, il proposera un cadre européen pour aborder les rachats d’entreprises par des étrangers de manière unifiée.

Les responsables n’ont pas voulu préciser quel genre de pouvoirs réclamera l’exécutif européen pour contrôler les investissements étrangers.

Les efforts du président français, Emmanuel Macron, pour imposer un mécanisme de contrôle des investissements étrangers au niveau européen ont cependant été accueillis avec scepticisme par une majorité de dirigeants en juin dernier.

Un responsable européen a rappelé qu’un document de la Commission sur la mondialisation incluait déjà une idée similaire.

L’objectif est de présenter un paquet équilibré incluant des outils de contrôle pour satisfaire le camp protectionniste et de nouveaux mandats pour négocier des ALE pour les pays les plus libéraux.

Le processus de consultation concernant les propositions qui seront présentées lors du discours sur l’état de l’Union s’est terminé.

Les discussions politiques fondées sur ce travail technique auront lieu le 31 août et le 1er septembre, lors de la rencontre de Jean-Claude Juncker avec ses commissaires et avec les chefs de cabinet afin de récolter leurs avis.

Industrie et économie

Jean-Claude Juncker annoncera également ses conclusions sur la politique industrielle. Le document a pour but de souligner les forces de l’Europe et de resituer l’UE dans ce domaine ainsi que de voir ce qui a été fait face à des grandes tendances comme le processus d’automatisation, les objets connectés et l’intelligence artificielle.

En mai dernier, les États membres ont demandé à la Commission « d’avoir une approche globale en matière de politique industrielle pour l’avenir », y compris des objectifs stratégiques à long et à moyen terme.

Les capitales ont demandé des mesures concrètes et une étude d’impact des mesures adoptées dans ce domaine depuis début 2015.

La stratégie devrait être incluse dans le programme de travail de la Commission pour 2018 et devrait être prête à temps pour le Conseil européen du printemps de l’année prochaine, a réclamé le Conseil.

Le discours sur l’état de l’Union aura lieu en plein milieu d’un nouvel élan pour approfondir l’union économique et monétaire.

Jean-Claude Juncker devrait soumettre des propositions déjà émises ces derniers mois, comme la nomination d’un « superministre » des Finances de la zone euro, et le renforcement du mécanisme européen de stabilité.

Néanmoins, sa priorité ne sera pas de créer un budget de la zone euro, proposition phare d’Emmanuel Macron, qui souhaite insuffler un nouvel élan à ce groupement.

Les responsables européens expliquent que Jean-Claude Juncker estime qu’avec la sortie du Royaume-Uni de l’UE, 85 % du PIB de l’Europe appartient à la zone euro.

La priorité devrait donc être d’encourager les pays n’ayant pas la monnaie commune à rejoindre l’euro, plutôt que de créer des divergences « artificielles ».

Par ailleurs, la défense, et notamment les propositions pour lutter contre les cyberattaques et les menaces hybrides, jouera un rôle important dans le discours.

Fenêtre d’opportunité

Même si le ton qu’adoptera Jean-Claude Juncker pour son discours est encore méconnu, ses assistants affirment qu’il existe une fenêtre d’opportunité pour faire des propositions attendues depuis longtemps et surmonter de grands obstacles.

Comparé au discours de 2016, lorsque le président regrettait le « manque de sentiment de communauté » parmi les États membres, le climat positif de cette année pourrait inspirer le progrès sur des sujets comme l’intégration de la zone euro.

Le résultat final de ses propositions dépendra toutefois fortement des résultats des élections allemandes, qui ont lieu le 24 septembre.

Jean-Claude Juncker rencontre Angela Merkel à Berlin le 30 août. La chancelière jouit d’une avance confortable dans les sondages pour diriger un nouveau gouvernement de coalition.

source : EurActiv

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