UE/Mercosur: les céréaliers français également inquiets

RFI | 23 février 2018

UE/Mercosur: les céréaliers français également inquiets

Par Claire Fages

Alors que le Salon de l’agriculture s’ouvre ce week-end à Paris, l’inquiétude grandit chez les agriculteurs français autour du futur accord de libre-échange entre l’Europe et les pays du Mercosur. Les producteurs européens craignent de perdre des marchés pour leur viande, mais aussi désormais, pour leurs céréales.

Les éleveurs bovins ne sont pas les seuls à s’inquiéter du futur accord UE/Mercosur. Les céréaliers craignent à leur tour de voir leur marché rétrécir ou les prix s’effondrer, si les frontières européennes s’ouvrent aux produits concurrents venus d’Amérique du Sud.

La Commission européenne envisage en effet d’ouvrir en grand ses portes à l’orge du Mercosur et d’accorder à ce groupe de pays un quota sans droit de douane d’un million de tonnes de blé et de maïs confondus. Or l’Argentine est le pays le plus compétitif au monde en blé et en orge, le Brésil est le champion du maïs.

Un million de tonnes de céréales c’est à peu près ce que la France vend à l’Espagne. Mais l’effet se fera moins sentir sur les volumes que sur les prix européens, qui vont chuter, estime la Confédération générale des producteurs de blé.

Bruxelles envisage également d’ouvrir les frontières européennes à 600 000 tonnes de bioéthanol d’Amérique latine

Et là, c’est un véritable effet volume : ce quota, c’est deux fois ce que l’Europe importe pour ses propres besoins de bioéthanol. Ces importations d’éthanol sud-américain seront donc un débouché de moins pour la betterave, le blé et le maïs européens. D’autant que le Brésil investit à nouveau massivement dans la relance de l’éthanol de canne à sucre dans le cadre de son programme RenovaBio. Cela risque de faire mal à l’industrie de l’éthanol en France, mais aussi en Pologne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Bulgarie et en Hongrie.

Les céréaliers français dénoncent un accord qui ne va que dans un sens

Contrairement aux éleveurs, ils ne s’étaient pas opposés au CETA, l’accord de libre-échange avec le Canada, qui acceptait d’importer des produits agricoles européens.

Cette fois, l’Europe ouvre ses portes aux céréales du Mercosur, à son éthanol, à son amidon, à son bœuf, son porc et sa volaille - autant d’animaux qui, par ailleurs, ne mangeront pas de céréales européennes. Mais les céréaliers européens se désolent de ne rien obtenir en échange, pas la moindre ouverture des marchés du Mercosur aux produits où ils ont un véritable avantage compétitif, comme l’orge de brasserie, le malt, la farine, les pâtes ou les biscuits.

source : RFI

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