Le Parlement va continuer à prendre son temps avant de ratifier l’APE, selon Gary Bodeau

Le Nouvelliste | 9 avril 2019

Le Parlement va continuer à prendre son temps avant de ratifier l’APE, selon Gary Bodeau

Après avoir passé en revue plusieurs mécanismes offrant des opportunités économiques et d’investissement au pays, CBTPA, loi HOPE/HELP, le président de la Chambre des députés, Gary Bodeau, en a profité pour communiquer au journal sa position sur la non-ratification de l’Accord de partenariat économique (APE) qui gît dans les tiroirs du Parlement depuis environ une décennie.

En effet, neuf ans après la signature de l’APE, la République d’Haïti n’est pas parvenue à sa ratification à cause du Parlement qui n’a jamais statué sur ce traité de libre-échange. La décision des autorités haïtiennes de signer cet accord remonte au 10 décembre 2009.

« Je ne suis pas contre l’APE », a d’entrée de jeu spécifié Gary Bodeau, rencontré dans les locaux du Fonds monétaire international (FMI) en marge d’une rencontre avec des responsables du Fonds, en compagnie du gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois.

« Il n’y a pas un problème APE en Haïti », a-t-il poursuivi tout en précisant que le Parlement haïtien n’a pas statué sur cet accord, dans un premier temps, à la demande du secteur privé haïtien.

Selon le numéro un de la Chambre basse, il y avait une liste d’exclusions que nous avions demandée mais qui ne nous est jamais parvenue.

Il dit se rappeler que l’APE était déjà une fois inscrit dans l’ordre du jour d’une assemblée nationale quand le secteur privé avait suggéré à ses pairs de le ranger dans les tiroirs.

« Aujourd’hui, il y a un revirement spectaculaire au sein du secteur privé, mais nous ne voyons toujours pas d’éléments nouveaux dans l’APE », constate Gary Bodeau, annonçant la ferme intention du Parlement de continuer à prendre tout son temps pour bien analyser l’accord.

À ce propos, l’année dernière, Vincent Degert, représentant en Haïti de la délégation de l’Union européenne, a révélé qu’il a travaillé depuis 2017 de manière très intense avec le secteur privé et le secteur public haïtiens au niveau de l’exécutif pour trouver les bonnes modalités d’application de l’accord en vue d’une ratification qui n’a jamais eu lieu.

En l’absence de cette ratification, Haïti a pu bénéficier malgré tout d’une facilité particulière appelée « Tout, sauf les armes », donnant l’accès au marché européen ainsi que d’une dérogation additionnelle de cet accès via ce qu’on appelle l’exemption de règle d’origine pour des produits fabriqués, par exemple, en partie en République dominicaine et qui sont ensuite transférés en Haïti.

« Nous sommes en contact avec plusieurs économistes, dont Camille Chalmers, qui pensent que c’est une mauvaise chose pour Haïti si le Parlement haïtien ratifie l’APE », informe le député de Delmas, confiant avoir offert un podium au président du Forum économique, Bernard Craan, pour venir expliquer les avantages et les inconvénients de cet accord aux élus de la Chambre des députés.

Pour Gary Bodeau, entrer dans l’APE dans ces conditions (tête baissée) va entraîner un effet boule de neige compte tenu de l’existence des secteurs dans lesquels l’économie haïtienne est compétitive, et d’autres dans lesquels elle ne l’est pas.

Le parlementaire haïtien pointe du doigt les investissements consentis par les pays de l’Union européenne en République dominicaine par rapport à Haïti, la taille de l’économie dominicaine avec l’ensemble des investisseurs qu’elle arrive à capter ainsi que les relations bilatérales nouées par la République voisine avec la Chine.

Et, déplore-t-il, nous ne contrôlons même pas nos frontières.

« Il nous faut une liste d’exclusions, clairement établie pour que nous sachions exactement dans quels secteurs il n’y aura pas de compétition », réclame le parlementaire.

Même s’il n’y a pas de comparaison possible entre les investissements des pays de l’Union européenne en République dominicaine par rapport à Haïti, trois principales entreprises issues de pays membres (Digicel, Heineken et Rubis) installées sur le territoire national totalisent ces 12 dernières années plus de 1,5 milliard de dollars, ce qui les place au premier rang des investisseurs étrangers présents dans le pays. De plus, ces entreprises européennes sont aussi classées parmi les premiers payeurs de taxes.

source : Le Nouvelliste

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