bilaterals.org logo
bilaterals.org logo
   

Accord de partenariat UE-CEDEAO : La grogne des paysans entendue

mercredi 24 janvier 2007.

Accord de partenariat UE-CEDEAO : La grogne des paysans entendue

La grogne des paysans de l’espace CEDEAO qui redoutent une menace sur la souveraineté alimentaire en cas de signature des accords de partenariat économique (APE) a eu un écho favorable.

Les chefs d’Etat ont décidé, lors du Sommet de la CEDEAO tenu le 19 janvier 2007 à Ouagadougou, d’accéder à la requête des paysans en révisant les accords actuellement en négociation.

Les accords de partenariat économique entre l’Union européenne (UE) et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) concernent 77 pays. Ces accords sont négociés par zone. Ainsi il existe six groupes. En ce qui concerne le partenariat UE-CEDEAO, il devrait entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2008.

Les APE remplaceront donc le régime commercial préférentiel unilatéral dans les relations commerciales entre l’UE et les ACP. Les APE symboliseront désormais un principe de réciprocité. Ce nouveau concept se veut être une formule adaptée pour mieux lutter contre la pauvreté. Mais les organisations paysannes du Sud voient en cette nouvelle politique commerciale de libre échange une réelle menace pour elles et leurs Etats. Ce ne sont pas les arguments qui manquent. Elles estiment que leur marché sera saturé de produits européens. Surtout que les produits alimentaires représentent plus de 45% de la valeur des importations. Pour les paysans, leurs productions, déjà en mal sur le marché local sera encore plus en difficulté.

Pour cause, les produits européens subventionnés par leurs Etats seront vendus à un prix imbattable une fois au Sud. Par ailleurs, les industries et les petites et moyennes entreprises de transformation du Sud seront étouffées. D’où un risque élevé de chômage. Les Etats africains, pou ne citer que ce cas, perdront par la même occasion des recettes fiscales. "Où est la lutte contre la pauvreté quand notre souveraineté alimentaire est menacée" s’est écrié un leader paysan. Les organisations paysannes ont donc décidé de dénoncer les accords UE-ACP dans leur forme actuelle. Avec le soutien d’organisations non-gouvernementales des quatre coins du monde, elles organisent des marches de protestation à l’instar de celle de Ouagadougou le 22 décembre 2006.

Par ailleurs, elles ont fait signer des pétitions qu’elles ont transmises aux chefs d’Etat. Leurs protestations ont eu un écho favorable. Les accords APE entre l’UE et la CEDEAO enregistrent un retard dans les négociations. Selon certains observateurs, les accords vont être repoussés en 2011. Les chefs d’Etat veulent désormais réviser les accords et inclure des réformes dans les négociations pour mieux prendre en compte la dimension du développement. Pour le nouveau président en exercice de la CEDEAO et de UEMOA, Blaise Compaoré, "le processus de négociation est suivi par les populations et leurs préoccupations légitimes doivent être prises en compte". Cette déclaration lors du sommet de l’UEMOA n’est pas faite pour déplaire aux paysans.

Ces derniers n’entendent pas pour autant s’arrêter en si bon chemin. Ils comptent maintenir la pression. Des organisations paysannes du Burkina Faso, par exemple, renforceront le plaidoyer lors de la Journée nationale du paysan en février prochain. En tous les cas, la prise en compte des préoccupations des paysans par les chefs d’Etat est une marque de l’avancée de la démocratie et du dialogue.

Hamadou TOURE

Sidwaya


 source: Lefaso.net