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ALE UE-Maroc : L’UE poursuit la destruction de l’agriculture paysanne

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Cet accord ne bénéficiera pas aux paysan(ne)s marocains, exception faite de quelques grandes entreprises ou fonds d’investissement qui pourront de telle manière s’accaparer des terres les plus fertiles et des ressources naturelles, comme l’eau, et éviter les règlements sociaux et environnementaux européens.

Bruxelles, jeudi 13 janvier 2011

Accord de Libre échange UE – Maroc : L’UE poursuit la destruction de l’agriculture paysanne

Cette semaine, une audition sur l’Accord de libre échange entre l’Union Européenne et le Maroc a eu lieu au Parlement Européen, suite à son approbation par la Commission Européenne et le Conseil en décembre 2010. C’est au Parlement Européen maintenant de se prononcer sur cet Accord dans le cadre du traité de Lisbonne pendant le premier semestre 2011.

A côté du manque de transparence présent dans ce type de négociations, pilotées par le Commissaire du Commerce, Karel De Gucht, avec plusieurs régions et pays, différents problèmes ont été soulevés lors de cette audition

D’abord, cet accord entraînera une augmentation des exportations avec peu de restrictions de fruits et légumes tels que les tomates, concombres, l’huile d’olive, des pommes,... du Maroc vers l’UE. Ceci aura des impacts désastreux pour les producteurs, productrices et secteurs de transformation de fruits et légumes particulièrement des pays du Sud de l’Europe. Il aggravera les conséquences de l’accord en vigueur.

Ensuite, cet accord ne bénéficiera pas non plus aux paysan(ne)s marocains, exception faite de quelques grandes entreprises ou fonds d’investissement qui pourront de telle manière s’accaparer des terres les plus fertiles et des ressources naturelles, comme l’eau, et éviter les règlements sociaux et environnementaux européens.

En outre, une telle agriculture, destinée à l’exportation, ne contribuera pas non plus à mieux alimenter la population marocaine. Au lieu d’investir dans l’agriculture paysanne, les paysan(ne)s marocain(e)s seront poussés à devenir des ouvriers agricoles avec des salaires de misère créant ainsi un dumping social destructeur pour l’agriculture européenne.

D’autre part, les impacts de l’accord actuel, en vigueur depuis 1995, n’ont pas été évalués par le Commissaire, même si les témoignages des organisations paysannes et d’organisations de transformateurs ont été clairs. Une libéralisation accrue entraînera la destruction de la production de fruits et légumes, la désertification et la destruction de l’emploi dans les zones rurales de l’Europe. Le manque de contrôles sur les produits du Maroc qui entrent dans l’UE, sans se conformer aux normes européennes de sécurité et de qualité menacent gravement la sécurité alimentaire de l’UE.

Au niveau juridique, il y a un manque de clarté quant à la définition du territoire marocain ; en effet, l’inclusion ou non du Sahara occidentale dans l’accord entraîne bon nombre de questions au sujet du respect des droits de l’homme et de la consultation des populations locales sur le type d’agriculture implantée dans leur région.

Le contenu de cet accord est en incohérence avec les débats actuels à propos de la réforme de la politique agricole commune. L’accord ne comprend aucune clause socio-économique et/ou environnementale, tend vers l’industrialisation de l’agriculture et la marchandisation de l’alimentation. Qui devrait produire l’alimentation des européens ? Quels modes de production, de transformation voulons-nous promouvoir ? D’où cela vient-il ? Ce sont des questions-clefs auxquelles l’accord de libre-échange avec le Maroc répond de manière décevante tant au niveau social, environnemental qu’économique.

La Coordination Européenne Via Campesina appelle les eurodéputé(e)s à rejeter cet accord qui aura des conséquences désastreuses sur les 2 rives de la Méditerranée.

Contacts :
 Andrés Gongora : +34619301754
 André Bouchut : +33673395899


 source: CEVC