bilaterals.org logo
bilaterals.org logo
   

L’Australie veut multiplier les accords bilatéraux avec les pays d’Asie

Le Monde | 8 décembre 2013

L’Australie veut multiplier les accords bilatéraux avec les pays d’Asie

Colin Folliot

L’Australie a signé, jeudi 5 décembre, un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, son quatrième partenaire commercial. Il s’agit du premier des trois accords bilatéraux que le gouvernement australien s’est engagé à conclure pendant son mandat, en attendant la Chine et le Japon, les deux premières destinations de ses exportations.

Cette politique traduit la volonté de l’Australie de se poser en puissance incontournable en Asie. A cette fin, elle a multiplié depuis dix ans les traités de libre-échange : avec Singapour en 2003, la Thaïlande en 2005 et la Malaisie en 2012. Elle a aussi signé, en 2010, un traité l’associant étroitement à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) et d’autres négociations sont en cours avec l’Indonésie et l’Inde pour aboutir à des accords commerciaux importants.

Avec Séoul et peut-être bientôt Pékin et Tokyo, cette stratégie prend de l’ampleur : l’Australie échange 32 milliards de dollars australiens (21,2 milliards d’euros) avec la Corée du Sud, 120 milliards avec la Chine et 72 avec le Japon. Avec ces trois pays, elle entretient d’importants excédents commerciaux : respectivement 11, 33 et 32 milliards de dollars australiens.

C’est avec la Chine, dont la part dans les exportations australiennes ne cesse de croître, que les négociations sont les plus sensibles. Commencées en 2005, elles étaient à l’arrêt depuis des mois.
En octobre, le premier ministre, Tony Abbott, s’est engagé à les relancer pour signer ce traité d’ici à octobre 2014. " Je crois que les conditions sont là et c’est une haute priorité pour nous, afin de développer notre commerce ", précisait alors Andrew Robb, ministre du commerce.

Abolition des tarifs douaniers Pékin et Canberra devront lever deux obstacles majeurs : le refus de la Chine de supprimer ses quotas sur certains produits agricoles ; celui de l’Australie, d’alléger les garde-fous encadrant les investissements étrangers dans ses entreprises.

L’accord signé jeudi entre l’Australie et la Corée du Sud prévoit l’abolition des tarifs douaniers dans de nombreux secteurs : agriculture (où ils atteignaient 300 % sur certains produits), matières premières, énergie et produits manufacturiers. Il prévoit aussi une plus grande ouverture dans les services et pour les investissements entre les deux pays.

" Les exportateurs australiens ont beaucoup à gagner de l’accord ", assure M. Robb, qui affirme que les échanges entre les deux pays pourraient croître de 73 % dans les quinze prochaines années.
Etant donné la structure de ces échanges et le poids de l’agriculture, des matières premières et de l’énergie dans les exportations australiennes, ce traité pourrait être bénéfique au commerce australien. Mais plusieurs industries s’inquiètent d’une concurrence accrue avec les produits sud-coréens, notamment dans l’automobile, le textile et la sidérurgie.

Or, le secteur manufacturier australien a vu sa compétitivité minée par la hausse du dollar et le ralentissement des gains de productivité. L’automobile semble la plus fragile. Elle ne produit plus que 200 000 véhicules par an. Pour elle, la perspective d’un accord similaire avec la Chine pourrait être dramatique.


 source: Le Monde