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Les maraîchers fribourgeois s’inquiètent pour leur survie

Conférence de presse sur l’accord de libre échange agricole avec l’Europe

Les maraîchers fribourgeois s’inquiètent pour leur survie

(2007-03-21 / BM) Non, à un accord de libre échange agricole avec l’Europe (ALEA), clament ensemble l’Union des paysans fribourgeois et les maraîchers du canton. Invitant la presse ce matin à Ried-bei-Kerzers sur l’exploitation Gutknecht Légumes, ils ont montré, chiffres à l’appui, que l’éventuel accord avantagerait très peu le consommateur, tout en pénalisant dangereusement le secteur maraîcher.

"Seul un franc sur sept revient au producteur. De plus, si nos grands parents consacraient 40% de leurs dépenses ménagères pour se nourrir et nos parents 20%, nous sommes aujourd’hui en dessous de 10%". Les calculs du conseiller d’Etat fribourgeois Pascal Corminboeuf, ont été analysés d’une manière différente par les protagonistes de la conférence de presse (producteurs de légumes et paysans fribourgeois), ce matin à Ried-près-de-Chiètres. Les dépenses annuelles globales en Suisse pour l’alimentation représentent 43 millions de francs. Les trois quarts s’en vont dans la poche des transformateurs et des distributeurs. Restent deux septièmes, l’un pour l’importation et l’autre pour l’agriculture suisse.

Côté fourchette

Partant de ce constat, Daniel Blanc, directeur de l’Union des paysans fribourgeois, montre qu’en imaginant que l’ALEA induise une économie de 20% sur la production indigène, elle se répercuterait à hauteur de 2,7% sur le porte-monnaie du consommateur. Comme ce dernier mange en moyenne hebdomadaire 1,4 kg de légumes, l’économie effective correspondrait à quelques dizaines de centimes par semaine. Voilà pour l’avantage côté client.

Côté fourche

Ce cinquième de réduction se présenterait différemment du côté de la production. Plus des trois quarts des coûts ne pourraient être diminués avec un éventuel accord bilatéral. Il s’agit de la main d’œuvre (qualifiée: 15 francs en Europe et le double en Suisse; saisonnier: 10 francs contre 20), des infrastructures pour la culture, le stockage et le conditionnement, ainsi que de l’eau et de l’énergie (environ moitié plus cher en Suisse). Seuls les machines, semences, plantons et intrants spécifiques (antiparasitaires et engrais) bénéficieraient du libre échange avec nos voisins. D’où une réduction des coûts somme toute minime.

Côté durabilité

Joseph Fasel, président des paysans fribourgeois a rappelé combien les exigences des domaines sociaux et environnementaux sont supérieurs en Suisse par rapport au reste de l’Europe. Il a mentionné les conditions de travail désastreuses des employés magrébins dans le Sud de l’Italie. Le paysan d’Alterswil a aussi donné la liste (non exhaustive) des lois gravitant autour du secteur primaire: protection de l’environnement, des eaux, des animaux, normes de fumure, aménagement du territoire... Ce cadre juridique a bien sûr un coût sur la production indigène.

Deux maraîchers du Seeland ont montré leurs coûts et revenus, avec et sans l’accord. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, la suppression de la protection à la frontière et la confrontation avec les prix européens seraient délétères pour les maraîchers suisses.

En dehors des multiples tableaux de calculs, le simple bon sens voudrait qu’on puisse continuer à pouvoir s’approvisionner dans un rayon de proximité.

AGIR


 source: AGIR