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Maroc – Un bilan négatif de l’accord de libre-échange avec la Turquie

Amghreb Emergent | Dimanche, 06 Mars 2011

Maroc – Un bilan négatif de l’accord de libre-échange avec la Turquie

Écrit par Boualem Alami

Cinq années après l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie, les marocains constatent qu’il ne fonctionne qu’à sens unique. Les turcs demanderaient encore plus. Comme une ouverture plus grande du marché aux produits agricoles turcs et l’accès aux grands chantiers au Maroc.

Pour le gouvernement de M. Abbas El Fassi, le constat est clair et amer. L’accord de libre-échange avec la Turquie, cinq années après son application, ne profite qu’aux entreprises turques. Il a fait accroître le déficit commercial avec ce pays qui, en retour, a failli à ses engagements d’investissements au Maroc. C’est sur ce bilan globalement négatif que les travaux de la 9ème commission économique maroco-turque ont été clôturés jeudi dernier à Rabat. Pourtant, le chef de la délégation turque, le ministre d’Etat Hayati Yazici, a demandé davantage et notamment un accès plus grands aux entreprises turques pour les grands chantiers publics. Il a également souhaité une révision de l’accord afin d’aller vers un meilleur accès des produits agricoles turcs au marché marocain. Les entreprises turques sont déjà présentes au Maroc à travers les secteurs du BTP, le chemin de fer ou la construction d’unités industrielles. Mais les investissements turcs au Maroc sont restés très modestes depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange en 2006, de l’avis du négociateur marocain, le ministre du Commerce extérieur, Abdellatif Maâzouz. La Turquie occupe le 17é rang parmi les investisseurs étrangers au Maroc avec une part de seulement 0,5% des IDE reçus. Quant aux échanges commerciaux, Ankara est la plus grande bénéficiaire de cet accord relèvent des experts marocains, qui estiment qu’il a été conclu trop vite. Depuis son entrée en vigueur, la valeur globale des échanges entre les deux pays est passée de 748 millions de dollars en 2006 à 1 milliard en 2010. Cette croissance (+10%) a beaucoup plus profité aux entreprises turques dont les exportations vers le Maroc ont explosé, passant à 6,4 milliards de DH contre 2,2 d’exportations marocaines vers la Turquie, soit un déficit commercial de 4,2 milliards de dirhams. La Turquie est vite devenue le 10ème fournisseur commercial du Maroc.

"Fringale" d’accords

Des économistes critiquent la «fringale » du Maroc pour les accords de libre-échange depuis la moitié des années 2000. Après l’accord d’association avec l’UE en 2000, bonifié depuis octobre 2008 du ‘’statut avancé’’, Rabat a conclu entre 2004 et 2010 trois accord du même type avec les Etats-Unis, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie (accord d’Agadir) et avec la Turquie. Début 2011, le Maroc entamé des discussions pour un autre accord de libre-échange vec le Canada cette-fois-ci. L’économie marocaine, dont la croissance n’a pas dépassé les 4% depuis plusieurs années, reste marquée par un recul de ses exportations sur fond d’aggravation du déficit commercial à 30,5 % à fin janvier 2011, « est mal préparée pour supporter le poids de ces accords », estiment des experts du Centre marocain de conjoncture. Dans les milieux professionnels, notamment dans le textile et la confection, les craintes quant aux retombées négatives de ces accords demeurent réelles.


 source: Maghreb Emergeant