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Pas de progrès suffisants dans les négociations USA-Mexique, dit Trump

Reuters • 06/06/2019

Pas de progrès suffisants dans les négociations USA-Mexique, dit Trump

par Richard Cowan et Alexandra Alper

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a déclaré mercredi que des progrès ont été effectués lors des discussions entre représentants américains et mexicains à Washington, mais qu’aucun accord n’a pour l’instant été conclu pour empêcher la mise en place de tarifs douaniers sur les importations de produits mexicains prévue lundi.

Le président américain, qui reproche à Mexico de ne pas lutter suffisamment contre les flux de migrants d’Amérique centrale se rendant à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, a indiqué que les pourparlers se poursuivraient jeudi.

En l’absence de Donald Trump, qui se trouve en Europe pour prendre part aux commémorations du "D-Day" (), la délégation mexicaine menée par le ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard a été reçue mercredi à la Maison blanche par le vice-président, Mike Pence, et le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo.

Les représentants américains ont souligné qu’il était nécessaire que Mexico prenne des mesures plus efficaces pour retenir les migrants d’Amérique centrale se rendant vers les Etats-Unis afin d’y demander l’asile.

C’est la condition fixée par Donald Trump la semaine dernière pour que Mexico empêche l’entrée en vigueur le 10 juin de droits de douane de 5% sur tous les produits mexicains importés, des taxes qui seront progressivement relevées jusqu’à 25% au 1er octobre prochain.

"Les discussions sur l’immigration à la Maison blanche avec des représentants du Mexique ont pris fin pour la journée. Des progrès sont réalisés, mais loin d’être suffisants !", a écrit Trump mercredi soir sur Twitter.

"Les discussions vont reprendre demain et il est entendu que, si aucun accord n’est conclu, les droits de douane de 5% vont débuter lundi, avec des relèvements mensuels comme prévu par le calendrier", a-t-il ajouté.

"UN CERTAIN NOMBRE DE POSSIBILITÉS"

D’après un représentant de la Maison blanche, qui s’exprimait avant la réunion, Mike Pence attendait des représentants mexicains qu’ils fassent part de "mesures tangibles" qu’ils étaient disposés à prendre "immédiatement".

Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès de la Maison blanche après les discussions.

S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion, Marcelo Ebrard a déclaré que les discussions avaient principalement porté sur l’immigration et non pas sur les droits de douane.

Il a ajouté que le Mexique a pour objectif de trouver des solutions à long terme, tandis que les Etats-Unis privilégient selon lui des mesures qui auront rapidement un impact sur l’immigration.

"Un certain nombre de possibilités ont été discutées et doivent être étudiées davantage pour tenter de trouver un terrain d’entente", a dit le chef de la diplomatie mexicaine.

En appliquant des tarifs douaniers aux produits venant du Mexique, les Etats-Unis ouvriraient un nouveau front dans les conflits commerciaux qui les opposent à leurs principaux partenaires, dans un contexte de regain des tensions avec la Chine.

La menace de Trump a secoué les places financières et jeté une ombre sur le nouvel accord trilatéral de libre-échange que les Etats-Unis et le Mexique étaient sur le point de finaliser avec le Canada.

MESURES DE RÉTORSION ENVISAGÉES

Si Mexico a prôné le dialogue avec Washington, il se prépare aussi à la perspective d’un "no deal". Un représentant de l’administration mexicaine a déclaré qu’une liste de produits américains pourraient être visés par des mesures de rétorsion, notamment des produits provenant des Etats agricoles et industriels qui composent la base électorale de Trump.

Le conseiller commercial de la Maison blanche, Peter Navarro, a déclaré à la chaîne CNN que les droits de douane pourraient ne pas être nécessaires car, selon lui, la menace a à elle seule suffi pour "obtenir l’attention des Mexicains".

Le Mexique interpelle aujourd’hui deux fois plus de migrants qu’il y a un an, trois fois plus qu’en janvier, quand le nouveau gouvernement mis en place par Lopez Obrador avait commencé à délivrer les visas aux migrants originaires d’Amérique centrale, en tablant sur le fait qu’ils resteraient au Mexique, ce qui ne s’est pas produit.

La plupart ont au contraire continué leur chemin vers les Etats-Unis et le gouvernement mexicain, sous la pression de Washington, a changé de stratégie. Le mois dernier, le nombre d’arrestations a connu un pic à plus de 20.000.

Des représentants américains affirment que le système d’immigration américain est dépassé par l’arrivée de milliers de migrants, notamment car les installations aux frontières ne sont suffisantes pour accueillir ces migrants venus pour la plupart avec des enfants.

(avec Eric Beech, Doina Chiacu, Roberta Rampton à Washington, Dave Graham et Noe Torres à Mexico ; Jean Terzian pour le service français)


 source: Reuters