bilaterals.org logo
bilaterals.org logo
   

Phil Hogan promet de monter le ton face à la Chine

All the versions of this article: [English] [français]

Photo: REUTERS/Jason Lee

Euractiv | 1 octobre 2019

Phil Hogan promet de monter le ton face à la Chine

par Jorge Valero

Phil Hogan a obtenu l’aval provisoire des eurodéputés pour devenir le prochain commissaire européen au commerce, notamment en promettant d’adopter une attitude plus stricte envers la Chine.

Lors de son audition face à la commission du commerce international (INTA), le commissaire européen sortant chargé de l’Agriculture, Phil Hogan, a précisé que mettre un terme aux pratiques commerciales inéquitables chinoises serait un défi de taille lors de sa mandature.

Il a également déclaré qu’il travaillerait main dans la main avec les États-Unis pour mettre en place le programme « positif » conclu en juillet 2018, malgré les tensions commerciales accrues entre les deux partenaires.

À l’issue de cette réunion, le président de la commission INTA, Bernd Lange, a indiqué sur son compte twitter que Phil Hogan avait effectué un « sans-faute », mais qu’il restait parfois vague et n’avait pas exprimé clairement ses engagements.

Bernd Lange a tout de même annoncé que la commission communiquerait son approbation ce mardi 1er octobre et il a aussi donné au commissaire désigné et membre du Parti populaire européen (PPE) quelques devoirs à faire pour mener à bien son mandat.

Bon nombre d’eurodéputés ont interrogé l’Irlandais sur la façon dont il prévoyait d’aborder les subventions illégales et les transferts de technologie forcés de la Chine.

Ce dernier a exposé une stratégie sur plusieurs fronts qui mettrait le travail de sa prédécesseure, Cécilia Malmström, au gout du jour. L’objectif final est de « rééquilibrer » les relations bilatérales avec l’Empire du Milieu, en durcissant la position européenne.

Marchés publics

Phil Hogan a également indiqué qu’il allait travailler sur la proposition d’un instrument international sur les marchés publics pour acquérir davantage de poids face à Pékin.

Cet outil, qui vise à donner l’accès aux marchés publics des partenaires commerciaux, a été bloqué par le Conseil en raison des conflits d’intérêts des États membres.

Phil Hogan soutient néanmoins que l’importance du dossier préoccupe de plus en plus le Conseil. Selon lui, le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, semble avoir « lâché du lest ».

Il a par ailleurs ajouté qu’il souhaitait muscler le cadre européen de filtrage des investissements étrangers afin que les rachats étrangers soient mieux coordonnés.

« J’espère que nous y arriverons », a-t-il dit, avançant qu’il était « crucial » de protéger la technologie européenne et les infrastructures les plus importantes, sachant que l’UE est l’une des économies les plus ouvertes au monde.

Ce mécanisme de filtrage a été proposé pour apaiser les inquiétudes alimentées par le nombre grandissant de rachats chinois d’entreprises européennes, en particulier dans le secteur des technologies de pointe.

Les nouvelles réglementations ne sont toutefois pas parvenues à mettre en place un seul organisme de filtrage ou des principes communs à tous les États membres pour gérer les investissements étrangers.

Comme stipulé dans sa lettre de mission, Phil Hogan a indiqué qu’il s’attèlerait à la conclusion d’un accord d’investissement entre la Chine et l’UE, et ce, d’ici à la fin de l’année.

Cet accord permettra de calmer plusieurs inquiétudes européennes, mais le commissaire désigné a tout de même admis qu’il serait assez difficile de conclure un accord après des années de lente progression.

Réforme de l’OMC

L’Irlandais a déclaré qu’il discuterait de certains de ces points avec les autorités chinoises lors du sommet ministériel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévu à Shanghai en novembre.

Il a par ailleurs révélé que les Européens travaillaient plus étroitement avec les Chinois qu’avec les Américains en ce qui concerne la réforme de l’OMC.

C’est pourquoi il soutient vouloir continuer son engagement avec les États-Unis pour rétablir une situation équitable sous le parapluie de l’OMC. À cet effet, l’Europe œuvrera à la modernisation de l’organisation, avec l’intention de supprimer les subventions pour le développement industriel et technologique.

Jusqu’à présent, l’Europe n’est pas parvenue à convaincre l’administration américaine de coopérer à la réforme de l’organe d’appel de l’OMC.

Sans entrer dans les détails, Phil Hogan, a dévoilé que l’EU travaillait désormais à l’élaboration d’un « plan B » qui devrait rentrer en application d’ici à 2020.

Penser positif

En ce qui concerne les États-Unis, le commissaire Hogan a déclaré que son objectif était de s’appuyer sur l’accord conjoint conclu par le président de la Commission Jean-Claude Juncker et le président américain Donald Trump en juillet dernier.

« La clé est de se concentrer sans relâche sur le côté positif des choses », a-t-il ajouté, citant en exemple le différend sur le bœuf qui a été résolu au cours de l’été.

Toutefois, aucun progrès n’a été réalisé au sujet de l’abolition des droits de douane sur les produits industriels ou les projets d’harmonisation réglementaire dans divers secteurs.

L’audition de Phil Hogan devant le Parlement européen a eu lieu alors que les États-Unis se préparent à annoncer de nouveaux tarifs douaniers contre l’UE, en réponse aux subventions européennes accordées à la société aérospatiale Airbus.

L’Irlandais a rappelé que Bruxelles avait tenté de trouver une solution avec Washington et que l’UE serait également autorisée par l’OMC à sanctionner les États-Unis, en réponse à l’avantage fiscal illégal accordé au constructeur aéronautique Boeing.

Durabilité

Le respect des engagements environnementaux internationaux des partenaires commerciaux de l’Europe était aussi un point sur lequel se sont attardés les eurodéputés lors de l’audition.

Phil Hogan a déclaré qu’il soutenait « fermement » l’utilisation d’instruments commerciaux pour assurer la mise en œuvre complète du chapitre sur le commerce et le développement durable (CDD) dans les accords bilatéraux avec les pays étrangers.

A cet égard, il a déclaré que la Corée serait un « cas test intéressant », car c’est le premier exemple dans lequel l’UE a utilisé certains instruments de règlement des conflits.

« Mon ambition est d’intégrer autant que faire se peut les valeurs de l’Union européenne dans tous les accords commerciaux, qu’ils soient économiques, environnementaux ou sociaux ».

Dans ce contexte, il a déclaré que la Commission allait créer aussi rapidement que possible, en 2020, un nouveau poste d’agent chargé de l’application des lois commerciales.

Durant son audition, Phil Hogan a également défendu « l’impact globalement positif » de l’accord avec le Mercosur, bien qu’il dise comprendre les « inquiétudes » des agriculteurs.

Phil Hogan sera chargé de négocier un accord avec le Royaume-Uni après son retrait de l’UE.

Il a déclaré qu’il était « impossible de prédire l’issue » du processus de divorce, alors que la date prévue pour le Brexit, fixée au 31 octobre, approche.

Le commissaire s’est cependant dit « certain que nous aurons à cœur d’établir des conditions de concurrence équitables », alors que certains eurodéputés exprimaient leurs craintes de voir s’instaurer des relations commerciales déséquilibrées, si le Royaume-Uni abaissait ses standards après le Brexit.

Phil Hogan prendra ses fonctions de commissaire au commerce en novembre, après que le Parlement réuni en séance plénière aura adoubé l’ensemble de la Commission durant un vote prévu le 23 octobre.


 source: Euractiv