Rabat veut concilier ses liens avec l’UE et les USA
Mohamed VI : Rabat veut concilier ses liens avec l’UE et les USA (presse)
AFP | 16.01.05 | 13h30
"Nous Marocains, sommes obligés de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier", a déclaré le roi du Maroc en soulignant la "spécificité géographique et géopolitique" de son pays, à la veille d’une visite d’Etat du roi d’Espagne Juan Carlos au Maroc.
Mohamed VI était interrogé par El Pais sur la compatibilité du maintien d’une relation privilégiée entre le Maroc et l’UE, après la conclusion en 2004 d’un accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis.
"Il s’agit d’une initiative qui vient compléter, et non se substituer aux accords signés entre le Maroc et l’Union européenne", et cette décision "relève de la souveraineté du Maroc", a souligné le souverain marocain, qui s’est exprimé en français. "Nous sommes un pays spécifique très engagé dans le processus de Barcelone" de rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée, lancé en 1995 sous la présidence espagnole de l’UE, a-t-il poursuivi.
Mohamed VI a dit ne pas comprendre "que certains milieux en Europe aient négativement réagi à cet accord signé avec les Etats-Unis". D’autant qu’"il n’y a aucun doute que la culture marocaine est plus de nature méditerranéenne qu’anglo-saxonne".
Evoquant les "relations excellentes (du Maroc) avec les Etats-Unis, un pays ami", le souverain a toutefois émis des réserves sur l’initiative du "Grand Moyen-Orient" à laquelle Washington veut associer Rabat. Mohamed VI a souligné avoir dit en mars au secrétaire d’Etat adjoint, Marc Grossman, venu au Maroc lui exposer ce plan, que "nous ne faisions pas partie du Grand Moyen Orient, qu’il ne fallait pas mettre tout le monde arabe dans le même sac".
"Je lui ai enfin dit que ce plan ne doit pas occulter d’autres problèmes. Il incite d’autres pays à évoluer, mais beaucoup d’entre eux ne peuvent le faire, tant que subsistent des conflits comme celui de la Palestine et celui de l’Irak", a ajouté le souverain marocain.
