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Zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) : Quel impact sur l’économie algérienne ?

El Moudjahid | 27 avril 2020

Zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) : Quel impact sur l’économie algérienne ?

par D. Akila

Comme tous les accords commerciaux bilatéraux signés par l’Algérie, celui portant sur la mise en place d’une zone de libre-échange entre l’Algérie et l’UE fera l’objet de larges consultations avec les opérateurs économiques et les experts pour trancher la possibilité de création de la Zone de libre-échange Algérie-UE (ZLE), a affirmé le ministre du Commerce, Kamel Rezig.

Une démarche qui s’explique par les effets négatifs induits de ces accords sur l’économie algérienne au détriment des intérêts du pays. "L’aboutissement de la ZLE entre l’Algérie et l’UE, quel impact sur l’économie algérienne?" C’est l’intitulé d’une étude qui ouvre des perspectives pour un débat plus franc sur cette question cruciale.

De son auteure Naïma Mennad, de l’université d’Oran (2), cette étude évalue l’impact de l’achèvement de la zone de libre-échange entre l’Algérie et l’Union européenne prévue pour 2020, sur notre économie. Aussi, les résultats des différentes simulations mettent en exergue les répercussions de l’exemption des produits européens des droits de douane sur les principaux agrégats macroéconomiques (composantes du PIB) ainsi que leurs impacts sectoriels. Les résultats traduisent la nécessité de faire un arbitrage entre les pertes de revenus à court terme, la diminution du PIB et du bien-être d’un côté et le soutien des dépenses d’investissement qui peuvent avoir un retour positif à long terme. L’analyse vise ainsi à apporter un éclairage par rapport à «l’étendue des répercussions de la ZLE avec une étude empirique basée sur la déségrégation des secteurs d’activité, mais aussi les paramètres macroéconomiques (agrégats)».

Du point de vue de l’auteur, «cette étude quantitative explique les réticences des autorités quant à l’achèvement de cette zone et le recours aux mesures de sauvegarde pour le gel du démantèlement (2010) et le protectionnisme temporaire à travers l’interdiction de certains produits à l’importation et la majoration des taxes douanières». En effet, soutien l’auteure de l’étude, «nous avons constaté un effet négatif de l’accord d’association avec l’UE sur la croissance du PIB ainsi que sur le bien-être des ménages algériens à court terme. Quoique faible, la tendance explique les paramètres qui contribuent à alourdir cet impact négatif».

Au chapitre des répercussions sur notre économie, Naïma Mennad explique que «la création de la zone de libre-échange avec l’UE engendre une réallocation des ressources vers les secteurs non exportables et vers le secteur des hydrocarbures expliquant l’effet de la concurrence sur la baisse des outputs dans différents secteurs exposés au flux des produits importés qui augmentent considérablement en provenance de l’UE».

En conséquence, «c’est un détournement d’échange en faveur de l’UE qui résulte de cette ZLE», d’autant plus que «nous constatons aussi que la variation à la hausse des importations est beaucoup plus importante que la variation des exportations», relève-t-elle. Naïma Mennad est revenue sur la genèse de cet accord pour rappeler que «les deux parties se sont entendues sur un report de la ZLE à l’horizon 2020 et que depuis 2017, des listes de produits interdits à l’importation ont été révisées (3 fois), traduisant une instabilité dans la volonté à vouloir achever cette ZLE. Cela a alimenté les différends et l’insatisfaction du partenaire européen qui trouve dans l’accord la sécurisation de son approvisionnent énergétique, mais aussi un bon marché à conquérir», indique cette étude récente.

Un état de fait qui, souligne-t-elle, «ne reflète que la précipitation à ratifier un accord sans avoir une visibilité détaillée sur l’ampleur de son impact, mais aussi l’insuffisance de la période négociée (12 ans) pour mettre en place un système productif efficient et concurrentiel». En clair, pour l’Algérie, «pays mono exportateur des hydrocarbures, le démantèlement tarifaire entrepris ne s’est pas traduit par un surplus du consommateur comme le stipule la théorie, puisque les prix ne cessent d’augmenter, avec des fermetures d’usines et un taux de chômage non maîtrisé», alors que «les premières retombées ont été palpées par l’augmentation de la facture d’importation».


 source: El Moudjahid