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L’Europe veut que les produits en provenance des colonies israéliennes soient étiquetés

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Le Monde | 11 novembre 2015

L’Europe veut que les produits en provenance des colonies israéliennes soient étiquetés

La Commission européenne a demandé, mercredi 11 novembre, aux 28 Etats membres de mettre en œuvre l’étiquetage des produits originaires des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, selon un communiqué officiel.

La décision controversée, reportée à plusieurs reprises et à laquelle s’oppose vivement Israël, a été adoptée lors d’une réunion du collège des commissaires européens à Bruxelles. Aujourd’hui les produits des colonies israéliennes – tous illégaux au regard du droit international – sont étiquetés comme fabriqués en Israël. La provenance précise devra donc désormais être indiquée sur l’étiquette des produits.

L’Union européenne considère qu’il s’agit avant tout d’une mesure « technique » visant à informer les consommateurs européens et non d’une décision « politique » comme l’affirme le gouvernement israélien.
Possibles répercussions « sur les relations entre Israël et l’UE »

L’argument n’a visiblement pas convaincu : le premier ministre Benjamin Netanyhou a ainsi déclaré que l’UE « devrait avoir honte » de sa décision. Le porte-parole des affaires étrangères israélien a immédiatement condamné l’annonce et convoqué le représentant de l’UE en Israël.

Lire les réactions en Israël : L’étiquetage par l’UE des produits fabriqués dans les colonies provoque la fureur d’Israël

Il s’est ému du « deux poids, deux mesures » pratiqué selon lui par l’Union européenne alors qu’il y a plus de 200 querelles territoriales dans le monde et qu’Israël est actuellement confronté à une « vague de terrorisme ».

« L’étiquetage des produits ne fait pas avancer le processus politique entre Israël et les Palestiniens, au contraire. L’étiquetage renforcera les éléments radicaux qui soutiennent le boycott d’Israël et dénient à Israël le droit d’exister. »

Cette mesure « pourrait avoir des répercussions sur les relations entre Israël et l’Union européenne », a-t-il ajouté. Le pays avait déjà averti mardi qu’une telle décision aurait des « implications politiques ».

« Les produits issus d’un crime de guerre doivent être interdits, pas seulement étiquetés »

Les produits concernés représentent « moins de 1 % » du total des échanges commerciaux entre l’UE et Israël, soit 154 millions d’euros en 2014, selon des chiffres de la Commission. Mais l’ambassadeur israélien avait pour sa part évalué les produits visés à « 2 % à 3 % » des exportations israéliennes vers l’UE, soit une valeur à 200 millions de dollars (187 millions d’euros) chaque année.

Mais plus que son impact commercial, le gouvernement de droite de Benyamin Nétanyahou craint que la mesure européenne ne « soutienne et encourage » le mouvement international BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) contre l’Etat hébreu, qui monte en puissance.

L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a salué une mesure positive, mais « insuffisante ».

« Les produits issus d’un crime de guerre doivent être interdits, pas seulement étiquetés. »

Le coordinateur général du Comité national palestinien de BDS, Mahmoud Nawajaa, s’est également félicité de la décision :

« Elle montre que les gouvernements européens réagissent à l’opinion publique, aux campagnes de la société civile comme à l’intransigeance israélienne, et deviennent plus enclins à engager certaines actions élémentaires contre les violations par Israël du droit international. »

Une annonce qu’il a toutefois nuancée, rappelant que « mettre en place quelques étiquettes sur un petit nombre de produits israéliens n’est pas une réponse à la mesure des crimes de guerre israéliens continus ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/11/11/l-ue-approuve-l-etiquetage-des-produits-originaires-des-colonies-israeliennes_4807342_3218.html#ocohwm0El0oS8rSR.99


 source: Le Monde