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Libre échange UE-CH : une étude pour déjouer la réalité

En 2010, Nestlé a fait des bénéfices nettes de 35,7 milliards de dollars US

ASSAF-SUISSE | 20.07.2011

Libre échange: une étude pour déjouer la réalité

Une étude mandatée par l’industrie alimentaire, la grande distribution et le lobby favorable au libre-échange agricole, arrive à la conclusion qu’un accord de libre-échange agricole ferait baisser les prix aux consommateurs de 10 % et augmenterait la compétitivité du secteur agroalimentaire. Ces conclusions ne sont pas étonnantes au vu des mandataires et financeurs de cette étude: Nestlé, Economiesuisse, et Migros. Alors que les expériences tirées du marché libéralisé du fromage ou de l’application du principe du Cassis de Dijon donnent une image des conséquences dramatiques de la dérégulation, les promoteurs du libre- échange tentent de convaincre le biais d’études.

Selon l’étude réalisée par la HES de Coire et l’EPF de Zürich, le libre-échange permettrait à l’industrie agroalimentaire d’obtenir des matières premières 30% meilleur marché. Néanmoins les prix aux consommateurs ne devraient baisser que de 10%. La grande distribution et les entreprises de transformation se partageront donc les 20% restant au détriment des consommateurs et des producteurs qui sont appelés à devenir les dindons de la farce dans cette opération.

Des réalités plus têtues que les études

L’expérience du principe du Cassis de Dijon montre que la réalité sur le marché est souvent différente des études. Un an après son introduction, la déception s’installe chez les consommateurs. Le niveau des prix n’a pas baissé, mais la qualité des produits et la visibilité de l’étiquetage ont eux régressé. Les promoteurs politiques du Cassis de Dijon se disent déçus des effets sur les prix. Néanmoins le lobby puissant de la grande distribution et des multinationales agroalimentaires persiste à nous faire croire le contraire en mandatant des études à grands frais.

Le secteur du fromage, régi par le libre-échange depuis 2007, montre qu’il n’est pas si facile de développer les marchés d’exportation, même avec des produits phares. Actuellement les importations de fromage augmentent plus rapidement que les exportations. D’autre part, avec la diminution du pouvoir d’achat, les citoyens de l’UE n’arrivent plus à se payer les produits suisses qui sont devenus trop chers pour leur budget.

Une lecture attentive de l’étude laisse entrevoir des fragments de la réalité. En effet, une ouverture des marchés devrait profiter particulièrement à un secteur bien découplé de la production primaire, notamment les producteurs de chocolat, de café, de sauces et d’aliments hautement transformés (convenience food). Les auteurs de l’étude n’hésitent pas non plus à rappeler les rapports de force en indiquant que l’agriculture ne produit annuellement que 4 milliards de francs de valeur ajoutée alors que l’industrie alimentaire arrive à 10 milliards de francs de valeur ajoutée.

Une redite basée sur des entretiens

L’étude n’apporte pas de nouveaux éléments. Elle reprend les arguments principaux mentionnés, en 2008 déjà, dans le rapport du Conseil fédéral à la suite des discussions exploratoires pour un accord de libre-échange agricole. Par ailleurs, une majeure partie de l’étude se base sur des entretiens et discussions avec des acteurs de différentes entreprises connues pour leur position d’ouverture des marchés et de libéralisation du secteur agro- alimentaire.

Pas d’évaluation du potentiel de marché

Malgré le pavé volumineux de quelques 60 pages, l’étude ne fait aucune évaluation du potentiel d’exportation vers l’UE. Le travail ne donne non plus pas de pistes pour améliorer la présence des produits suisses dans le marché européen.

Ne nous laissons donc pas tromper par une nouvelle étude qui s’inscrit dans la ligne des documents publiés par le Conseil fédéral. Des solutions qui sont uniquement favorables à la grande distribution et aux producteurs de capsules de café n’apportent rien. Il convient d’assurer une existence durable à l’entier de la chaîne agroalimentaire (producteurs et transformateurs).

Renseignements:
 Walter Willener, Président ASSAF-Suisse, Lausanne, 079 689 31 06
 David Rüetschi, secrétaire général ASSAF-Suisse, Lausanne, 079 677 82 12


 Fuente: ASSAF