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Manifestation pour l’accès aux médicaments en marge du sommet UE-Inde

Manifestants en marge du sommet UE-Inde pour un libre accès aux médicaments génériques, à Bruxelles, le 10 décembre 2010.

Agence France Presse | 10 décembre 2010

Manifestation pour l’accès aux médicaments en marge du sommet UE-Inde

BRUXELLES — Quelques dizaines de personnes revêtues de blouses blanches ont manifesté sans incident vendredi devant le bâtiment où se déroulait le sommet UE-Inde à Bruxelles pour réclamer le libre accès aux médicaments génériques dans les pays pauvres.

"J’ai vu trop de gens mourir. Nous avons besoin de ces médicaments", a dit le docteur Tido von Schoen-Angarer, directeur de la campagne de Médecins sans Frontières pour l’accès aux médicaments essentiels.

MSF critique certaines dispositions des négociations en cours sur un accord de libre-échange entre l’UE et l’Inde, qui pourraient compliquer l’accès aux médicaments génériques pour les pays pauvres.

L’UE et l’Inde négocient depuis 2007 pour tenter d’aboutir à un accord de libre-échange qui pourrait être conclu au printemps. Il s’agit de "négociations laborieuses", a affirmé le Premier ministre indien, Manmohan Singh, à l’issue de la réunion à laquelle participaient notamment le président de l’UE, Herman Van Rompuy, le président de la Commission José Manuel Barroso et le commissaire au Commerce Karel De Gucht.

Selon MSF, le projet d’accord actuellement en discussion "contient plusieurs dispositions alarmantes sur la propriété intellectuelle, plus strictes que ne l’exige aucun règlement de commerce international, et qui menacent l’approvisionnement de médicaments essentiels venus d’Inde", notamment pour le traitement du sida.

Parmi ces dispositions, MSF met en cause "l’exclusivité des données" qui obligerait les groupes génériques désirant déposer un médicament à "mener à nouveau tous les essais cliniques".

Si ce principe était mis en place, les fabricants indiens de médicaments génériques ne pourraient plus se baser sur les données cliniques existantes pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché de leurs propres médicaments.

Ils devraient mener eux-mêmes leurs proches recherches cliniques, au risque d’augmenter sensiblement leur coût de production et, par conséquent, leur prix de vente.

Plus de 80% des antirétroviraux utilisés pour traiter plus de cinq millions de patients dans les pays en développement sont fabriqués en Inde.

Au cours de ces dix dernières années, les prix des médicaments génériques fabriqués en Inde ont diminué de 99%. Le coût annuel pour le traitement d’un malade du sida est ainsi passé de 1.000 dollars à 70 dollars.

Plusieurs cargaisons de médicaments génériques indiens ont été stoppées dans plusieurs pays de l’Union européenne ces dernières années alors qu’ils étaient en transit, notamment à Francfort (mai 2009) et Paris (octobre 2009).

Le premier cas remonte à fin 2008-début 2009 quand les Pays-Bas ont retenu un bateau venant d’Inde et faisant escale à Rotterdam avant de rejoindre le Brésil, le navire ayant été renvoyé à son expéditeur, pour "violation de propriété intellectuelle".

Le Brésil et l’Inde, grands producteurs de génériques, ont d’ailleurs porté plainte le 12 mai contre l’UE auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour avoir empêché la livraison de ces génériques.

Dans leurs plaintes séparées, les deux pays ont accusé d’une même voix Bruxelles d’avoir agi contre les règles du commerce mondial, estimant que les pays développés utilisent le prétexte de la lutte contre la contrefaçon pour empêcher la vente de génériques faisant concurrence à ceux produits par leurs laboratoires.


 source: AFP