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Ottawa rejette l’idée américaine d’un accord bilatéral

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Le Devoir | 6 juin 2018

Ottawa rejette l’idée américaine d’un accord bilatéral

par Mike Blanchfield et Andy Blatchford (La Presse canadienne)

Le gouvernement du Canada rejette l’idée relancée par le gouvernement Trump d’ententes bilatérales distinctes avec le Canada et le Mexique à la place des discussions ardues en cours pour renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Le principal conseiller économique de Donald Trump soutient que le président américain veut conclure des accords commerciaux bilatéraux distincts avec le Canada et le Mexique, plutôt que de continuer à tenter de renégocier l’ALENA.

Larry Kudlow, directeur du Conseil économique national de M. Trump, a soutenu mardi que le président lui avait indiqué cette préférence lors d’une conversation lundi. M. Kudlow, qui était invité mardi à l’émission matinale Fox and Friends, a aussi affirmé qu’il avait transmis ce message à un responsable au cabinet du premier ministre Justin Trudeau.

Ces remarques risquent de créer davantage d’incertitude économique entre le Canada et les États-Unis, après l’imposition par le gouvernement Trump de tarifs douaniers sur les importations d’acier et d’aluminium. M. Kudlow a toutefois précisé que le président ne prévoyait pas de se retirer de l’ALENA, mais souhaitait seulement tenter une approche différente.

« [Lundi], nous avons rencontré le président à quelques reprises, et il envisage très sérieusement un changement dans les négociations sur l’ALENA », a indiqué M. Kudlow. « Sa préférence, maintenant — et il m’a demandé de le faire —, c’est de négocier séparément avec le Mexique et le Canada. Il préfère les négociations bilatérales, et il reconnaît que ces deux pays sont très différents. »

Entente à trois

Plusieurs ministres du gouvernement Trudeau ont martelé mardi qu’Ottawa demeurait investi uniquement dans une entente à trois. « Nous voulons une entente trilatérale — nous l’avons toujours dit », a affirmé le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne.

« Nous savons que cela fonctionne, nous savons que cela soutient une chaîne d’approvisionnement très intégrée. Lorsque vous parlez de cet enjeu, vous devez regarder la réalité — la réalité est qu’au cours des vingt-quatre dernières années, nous avons construit une chaîne d’approvisionnement très intégrée, qui a été bonne pour l’économie, bonne pour les consommateurs, bonne pour les travailleurs de toutes les parties », a ajouté M. Champagne.

Selon le conseiller Larry Kudlow, le président Trump « déteste les traités multilatéraux » de ce type. « Le Canada est un pays différent du Mexique, ils ont des problèmes différents, et vous savez, [M. Trump] croit que les accords bilatéraux ont toujours été meilleurs », a-t-il expliqué à Fox News. « Je sais qu’il s’agit de négociations à trois, mais vous savez, souvent, quand vous devez faire des compromis avec tout un tas de pays, vous obtenez la pire des ententes.

« Pourquoi ne pas essayer d’obtenir le meilleur des accords pour le peuple américain, la main-d’oeuvre américaine, l’économie américaine — et sans doute aussi pour leur économie à eux ? Comme je l’ai dit, le Canada est très différent du Mexique. »

Idem pour le Mexique

Le ministre de l’Économie mexicaine, Ildefonso Guajardo, a de son côté réaffirmé mardi la volonté de son pays de maintenir un accord trilatéral « très productif pour l’intégration de l’Amérique du Nord et qui est déjà une étiquette mondialement connue pour les investisseurs ». Si l’ALENA cessait d’exister, cela conduirait à « une perte de valeur », a-t-il estimé.

Ce traité est vital pour le Mexique, qui exporte près de 80 % de ses produits vers le marché américain. Washington et Ottawa sont eux aussi intimement liés. Quelque neuf millions d’emplois américains dépendent du commerce et des investissements avec le Canada. Chaque jour, près de deux milliards de dollars en marchandises et services traversent la frontière américano-canadienne. Et le Canada est le plus gros client des États-Unis.


 source: Le Devoir