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Pour l’Union européenne le libre échange c’est le Pérou

Á l’origine il s’agissait, selon l’UE, de définir un accord de « coopération ». Mais l’UE était en réalité surtout intéressée par le volet libre-échange : l’accès aux marchés et la dérégulation, la libéralisation des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, et l’accaparement des terres.

L’Humanité | le 08 avril 2011

Pour l’Union européenne le libre échange c’est le Pérou

La commission de Bruxelles a finalisé le texte de l’accord avec Lima et Bogotta prévoyant la libéralisation du commerce et des services. Les euro-députés doivent l’examiner.

Les négociateurs de la Commission européenne, du Pérou et de la Colombie se sont réunis fin mars à Bruxelles pour finaliser le texte de l’accord de libre-échange (ALE) entre l’UE et les deux pays latino-américains. Le processus de ratification, après plus de quatre ans de négociations, passe désormais par le Parlement européen qui devrait être prochainement saisi du document. S’il était approuvé, il pourrait entrer en vigueur dès 2012.

Jamais un tel accord n’a fait une telle unanimité contre lui. Plus de 200 organisations de la société civile et les confédérations syndicales internationale et européenne s’y opposent. Á l’origine en 2007, il s’agissait selon l’UE, de définir un accord de « coopération », économique, politique et social pour officiellement favoriser l’intégration régionale de ces pays andins. Mais l’UE était en réalité surtout intéressée par le volet libre-échange : l’accès aux marchés et la dérégulation, la libéralisation des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, et l’accaparement des terres. Parmi ces secteurs, ceux des services, des télécommunications, de la propriété intellectuelle, et la libéralisation tarifaire

Cet accord est lourd de conséquences pour les travailleurs, les peuples indigènes et l’environnement du Pérou et de la Colombie. Sourcilleuse en matière de droits de l’homme, l’UE cautionnerait en outre un climat d’impunité face aux violences exercées dans ces pays. En raison des assassinats de militants syndicaux, particulièrement en Colombie, la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est prononcée contre l’accord. Une délégation colombienne et péruvienne de syndicalistes et de défenseurs des droits de l’homme est actuellement en Europe pour l’expliquer et faire entendre le refus de leurs peuples. Selon eux ce type d’accord ne devrait pas se limiter au seul « libre-échange » mais tenir compte des droits sociaux, syndicaux et de l’environnement. Ce qui implique aussi que tous les Parlements nationaux soient consultés, ce qui n’est pas le cas. En attendant aux eurodéputés de dire non à cet ALE.


 source: L’Humanité