Dernière étape vers l’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats du Golfe

Les Echos | 24/10/08

Dernière étape vers l’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats du Golfe

Dix-sept ans ! C’est le laps de temps qui sépare le début, en 1991, des négociations d’un accord de libre échange entre l’Union européenne et les six Etats du Conseil de coopération du Golfe (CCG) [1] du voyage dans la région qu’a achevé, mercredi soir, Anne-Marie Idrac, la secrétaire d’Etat au Commerce extérieur. Porteuse d’une lettre du président en exercice de l’Union, Nicolas Sarkozy, pour qui la signature de cet accord avant la fin de l’année est une priorité, elle s’est déclarée confiante quant à cette perspective à l’issue de ses entretiens en Arabie saoudite, au Qatar, aux Emirats arabes unis et à Oman. « Malgré les points de blocage, la raison va sans doute l’emporter. Je garde bon espoir d’un accord dans les prochaines semaines », a-t-elle indiqué.

Difficile consensus

Encore faut-il lever les derniers obstacles et dissiper les malentendus. L’enjeu est de taille. Alors que l’économie mondiale s’enfonce dans la crise, les Etats de la péninsule, avec leurs hydrocarbures, apparaissent comme un îlot de résistance. Les projets de développement y sont légion. Les Européens auraient tort de ne pas en profiter. Sur les cinq dernières années, les échanges entre les deux zones ont déjà doublé pour atteindre aujourd’hui environ 100 milliards d’euros. Les Etats du Golfe constituent le sixième marché pour les exportations européennes, tandis que l’Union est le premier partenaire commercial du CCG.

Mais, si un consensus est difficile à établir à Vingt-Sept, il l’est aussi à six. Les membres du CCG ont tous des intérêts économiques divergents. Ainsi, l’Arabie saoudite souhaite conserver la possibilité de mettre en place des taxes à l’exportation sur environ 300 produits dits sensibles. De leur côté, les Emirats arabes unis entendent exclure de l’accord les services liés à l’énergie, un secteur relevant pour eux de la souveraineté nationale. Pour sa part, le sultanat d’Oman entend garder ses taxes sur les produits alcoolisés pour des raisons budgétaires. L’Etat omanais vient même d’ajouter une condition en souhaitant restreindre l’ouverture à la concurrence de son secteur des télécoms. Outre ses aspects techniques, les Etats du Golfe refusent l’insertion dans l’accord d’une clause suspensive en cas de violation de deux de ses articles liés aux droits de l’homme et à la non prolifération nucléaire. « C’est un malentendu lié à l’existence des différentes version de l’accord qui devrait être dissipé rapidement », a-t-on indiqué dans la délégation française.

Compromis global

Les semaines à venir seront cruciales pour achever les négociations. Une réunion conjointe des ministres des Finances et des Affaires étrangères du CCG doit intervenir le 26 octobre. Elle pourrait donner lieu à un compromis global avec l’Union avant qu’un conseil des chefs d’Etat du Golfe ne se réunisse fin novembre ou fin décembre. Juste avant le terme de la présidence française de l’Union européenne.

RICHARD HIAULT

Footnotes

[1Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweit, Oman et Qatar.

source : Les Echos

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