Algérie: Le gouvernement cède à l’Europe

L’Humanité (Paris), le 22 mars 2005

Algérie: Le gouvernement cède à l’Europe

L’accord d’association avec l’UE prévoit la mise en place d’une zone de libre-échange qui menace des centaines de milliers d’emplois.

Alger, envoyé spécial.

Après la Tunisie en 1995 et le Maroc en 1998, l’Algérie est désormais liée à l’Union européenne (UE) par un accord d’association de libre-échange. Le Parlement algérien a ainsi ratifié lundi 14 mars à une large majorité cet accord signé le 19 décembre 2001 à Bruxelles et paraphé en avril 2002 à Valence en Espagne. Seule la vingtaine de députés du Parti des travailleurs (trotskiste) a voté contre, au terme d’un débat houleux qui a duré plus de sept heures. L’accord en question comporte 110 articles et des annexes détaillant les volets socio-économique, culturel et politique.

« L’Union européenne sera notre voisin à l’est en 2008 avec l’ouverture de la zone de libre-échange en Tunisie, et en 2010 elle sera, également, notre voisin à l’ouest après l’ouverture d’une zone de libre-échange au Maroc. L’UE est notre principal partenaire d’où proviennent 65 % de nos importations, et cet accord est indispensable si l’on veut s’adapter aux mutations rapides des économies internationales, qui sont le résultat de la mondialisation et de la globalisation des échanges », a argumenté le ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Belkhadem, devant un Parlement dominé par les formations politiques acquises au gouvernement. Reconnaissant que le démantèlement tarifaire « sera en faveur de l’UE », il a ajouté que « d’ici 2017, date arrêtée pour arriver au démantèlement tarifaire total, l’économie algérienne pourra largement se mettre à niveau et s’adapter aux nouvelles règles du marché ».

L’accord d’association prévoit une aide financière destinée à la modernisation et à la mise à niveau des entreprises algériennes. En théorie, ces entreprises bénéficieront d’une période de transition de douze ans pour s’adapter à leur nouvel environnement et à la concurrence, période durant laquelle les droits de douanes et taxes applicables aux importations algériennes provenant de l’UE diminueront ainsi progressivement. Toutefois, les dégrèvements douaniers commenceront à compter de la troisième année d’entrée en vigueur de cet accord, une période jugée courte par les dizaines de milliers de PME-PMI du secteur privé pour se moderniser. De plus, l’article 42 précise que « les États membres et l’Algérie ajustent progressivement, sans préjudice des engagements pris au GATT, tous les monopoles d’État à caractère commercial de manière à garantir qu’à la fin de la cinquième année suivant l’entrée en vigueur du présent accord il n’existera plus de discrimination en ce qui concerne les conditions d’approvisionnement et de commercialisation des marchandises entre les ressortissants des États membres et ceux de l’Algérie ».

D’ores et déjà, la prochaine loi de finances algérienne de 2006 prévoit un premier dé.

source : L’Humanité

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