Ouverture de son marché aux produits européens : L’Afrique de l’Ouest veut maintenir son taux de 70 %
En Afrique de l’Ouest, les Ape risquent de démanteler la filière agricole

Walfadjri | 13 septembre 2013

OUVERTURE DE SON MARCHE AUX PRODUITS EUROPEENS
L’Afrique de l’Ouest veut maintenir son taux de 70 %

L’ouverture du marché ouest-africain aux produits européens à 70 % au lieu de 80 % sera un des points saillants en novembre prochain, à l’occasion des négociations sur les Accords de partenariat économique (Ape) entre les pays Afrique, Caraïbes, Pacifique (Acp) et l’Union européenne (Ue).

Les Accords de partenariat économique (Ape) qui sont des accords commerciaux visant à développer le libre échange entre l’Union européenne et les pays dits Afrique, Caraïbes, Pacifique doivent être négociés en novembre. C’est consciente de ce fait, et aussi en prélude au sommet des chefs d’Etats qui sera consacré au tarif extérieur de la Cedeao et aux négociations de l’Accord de partenariat économique avec l’Ue en octobre prochain à Dakar, que la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) a organisé, hier, une conférence débat sur : «Les Ape-Apd : états de lieux et perspectives».

Selon Abdoul Diallo, commissaire aux accords économiques à la Direction du commerce extérieur, sur les 114 articles qui faisaient l’objet de divergence, il n’y a que quatre qui le sont actuellement. Il s’agit principalement de l’offre d’accès au marché de marchandises de l’Afrique de l’Ouest à 80 %. En effet, toutes les analyses ont montré que les économies ouest-africaines, encore fragiles, ne peuvent pas se permettre de libéraliser 80 % de leurs marchés. Selon Miniane Diouf du Forum social africain, la libéralisation à 75 % proposée par certains négociateurs de la Cedeao n’est pas soutenable pour les économies ouest-africaines qui, pour la plupart, dépendent de l’agriculture. La négociation doit reprendre en novembre prochain, mais d’autres pays ont signé des accords intérimaires (Botswana, Swaziland, Lesotho, Mozambique en Afrique australe, Cameroun en Afrique centrale et Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest) ou complets (Caraïbes).

Les analyses montrent que la signature des Ape, tel que le veut l’Union européenne, conduira au démantèlement des industries locales, à la destruction complète de filières agricoles, à l’appauvrissement des producteurs et des populations locales et à la perte de recettes douanières pour les Etats. C’est pourquoi les organisations du secteur privé et de la société civile s’opposent à la conclusion des Accords de partenariat économique sous leur forme actuelle, malgré la pression de l’Union européenne. Les pays d’Afrique, des Antilles et du Pacifique préféreraient des accords commerciaux tenant compte de leurs besoins spécifiques en matière de développement. Car, ce n’est pas que les pays Africains qui ne veulent pas signer ces accords. Mais, explique Miniane Diouf, «ils veulent un accord facteur de développement». Car comme il le souligne, dans la sous-région, sur 16 pays, les 15 de la Cedeao et la Mauritanie, les 12 sont des Pays les moins avancés (Pma). «C’est pourquoi, des économies moins avancées, aussi vulnérables que les nôtres, ne peuvent pas aller dans un accord commercial ambitieux avec l’Union européenne sans d’infinies précautions», a-t-il précisé.

Charles Malick SARR

source : Walfadjri

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