Résultats de la Conférence syndicale sur les accords de partenariat économique – Afrique/UE

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ITUC / ETUC | 4 décembre 2017

Résultats de la Conférence syndicale sur les accords de partenariat économique – Afrique/UE

par Jacques Berthelot

Lomé, Togo, 9–10 octobre 2017

La conférence a rassemblé 35 participants, notamment des dirigeants de centrales syndicales africaines, la CSI- Afrique, la CES, la CSI, ainsi que des experts de la société civile et du monde universitaire. Les syndicats africains et européens ont discuté des dispositions relatives au travail dans les APE, les expériences passées en matière de libéralisation, l’impact prévu sur le travail en Afrique, sur les femmes, l’agriculture et l’industrialisation. Une séance a été consacrée à l’Accord de libre-échange continental. La conférence s’est achevée par une conférence de presse.

Résumé

Bien que chaque APE comporte ses propres éléments et son propre contenu, la Conférence syndicale sur les APE conclut que les parties africaines et l’UE ne doivent pas chercher à négocier des APE, en particulier sous leur forme actuelle. L’analyse partagée lors de la Conférence suggère que les APE ne promouvront pas les droits et les intérêts des travailleurs en Afrique. En résumé, la Conférence a identifié les préoccupations suivantes :

1. Les engagements en faveur des droits des travailleurs sont insuffisants et la création d’emplois décents n’est pas garantie. Le contrôle des accords ne suit pas l’approche adoptée par l’UE dans d’autres accords commerciaux de l’UE.
2. Les APE devraient affecter les travailleuses plus défavorablement que leurs homologues masculins. Il n’existe pas encore d’évaluation de l’impact sur la parité hommes-femmes et il est certain que l’impact sur les travailleuses n’a pas encore été pris en compte dans les négociations.
3. Les APE pourraient entraîner des conséquences négatives sur la production agroalimentaire dans les pays africains, car les droits de douane sur les importations agricoles vont diminuer avec le temps. Des mesures de sauvegarde sont incluses, mais sont difficiles à mettre en marche.
4. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB de l’Afrique a diminué depuis les années 1990 en raison de la libéralisation antérieure par le biais de l’OMC et des accords commerciaux. Les APE réduiraient davan- tage l’espace politique et l’objectif d’industrialisation de l’Afrique serait plus difficile à atteindre. À l’avenir, les négociations de rendez-vous pourraient favoriser une plus grande libéralisation dans des domaines où la plupart des pays africains ne sont pas (et ne seront pas) prêts à s’ouvrir.

La Conférence formule les recommandations suivantes :

1. Des évaluations d’impact indépendantes doivent être préparées pour chaque processus d’intégration ré- gionale, en tenant compte de l’impact sur la parité hommes-femmes.
2. Nous demandons instamment que toute négociation future respecte les processus d’intégration régionale et l’espace politique de l’Afrique et qu’elle tienne compte des préoccupations des pays africains en matière de développement. Les négociations d’APE en cours doivent cesser, les APE signés ne doivent pas entrer en vigueur sous leur forme actuelle et les APE intérimaires doivent être révoqués.
3. Les gouvernements africains devraient collaborer à l’amélioration de leurs politiques commerciales et in- dustrielles et tenir compte des analyses de différents modèles d’intégration avant de se précipiter dans un accord de libre-échange continental.
4. Les gouvernements africains devraient prendre des mesures pour améliorer leur capacité à négocier et créer leurs propres évaluations d’impact, afin d’informer les futures négociations.

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source : ITUC / ETUC

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