La difficile intégration du Bénin dans la zone de libre-échange de la CEDEAO

Deutsch Welle | 21 March 2018

La difficile intégration du Bénin dans la zone de libre-échange de la CEDEAO

Les chefs d’Etats du continent se retrouvent ce mercredi à Kigali au Rwanda. Ils devraient signer un accord, sans le Nigeria et le Burundi qui ne seront pas présents, lançant la plus grande zone de libre-échange au monde, la zone de libre-échange continentale (ZLEC). L’objectif est bien évidemment de faire croître encore le commerce intercontinental. Pour ça l’accord devra être signé par au moins par 22 pays.

Alors que cette zone de libre-échange tente de se mettre en place, une autre l’est déjà à l’échelle régionale, dans la sous-région ouest africaine. Plusieurs accords entre les Etats visent à faciliter la circulation des biens et des personnes. Mais malgré la volonté affichée de part et d’autre, les populations du Bénin semblent éprouver toujours des difficultés et les échanges à l’intérieur de l’espace demeurent faibles.

Divisions multiples

Certes, quelques barrières ont été levées entre les pays, mais les attentes en ce qui concerne la circulation des personnes et des biens demeures insatisfaites. "Aujourd’hui, il n’est pas facile d’aller sur le marché nigérian pour aller faire des affaires. Il n’est facile pour un éleveur transhumant qui quitte le Mali de faire circuler son troupeau en passant par le Bénin pour aller au Nigeria", explique Narcisse Tomety, géo-économiste. "Il y a des préalables à ce niveau que nous ne sommes pas arrivés encore à régler de façon consistante." Et de citer aussi les divisions sur la monnaie ou les systèmes d’intégration des forces de sécurité au niveau régional.

Inégalités économiques

Les inégalités économiques entre les Etats constituent, aux yeux de Robin Accrombessi, Président de l’Association béninoise "La Voix des Consommateurs", une autre faiblesse du libre-échange, qui désavantage certains pays. "Quand on parle de zone de libre-échange, ça veut dire que quelqu’un apporte quelque chose, et l’autre aussi. Mais quand il se retrouve que les pays les plus puissants peuvent presque tout apporter, que les pays comme le Bénin n’ont pratiquement pas de productions durables, compétitives à mettre dans la balance, il s’avèrera que nous serons inondés des produits des autres pays", estime-t-il.

Les défis semblent énormes pour les dirigeants dont l’ambition est de faire de la sous-région "une zone sans frontières où chaque citoyen peut créer et profiter des opportunités pour produire d’une manière durable en exploitant les énormes ressources de l’Afrique de l’ouest". D’ailleurs, "tant que cette question n’est pas réglée, pour qu’on ait cette mobilité non conditionnée par la multiplication des systèmes de contrôle sur les corridors, pour moi l’intégration reste un vain mot", conclut Narcisse Tomety.

source : Deutsch Welle

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