CETA: ces 4 risques écologiques et sanitaires peuvent devenir réels

Huffington Post | 17 juillet 2019

CETA: ces 4 risques écologiques et sanitaires peuvent devenir réels

Par Hortense de Montalivet, Pierre Tremblay

CETA - Deux pays, un traité, trente chapitres et des manifestations qui s’enchaînent depuis 2010. Ce mercredi 17 juillet, les députés devront voter le CETA, l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, après une longue séance de débats à l’Assemblée nationale. Mais alors que la ratification devrait aboutir, des flous et des mécontentements demeurent. Notamment sur deux points essentiels: l’écologie et la santé.

Risques sanitaires, risques écologiques, risques climatiques...Ces zones d’ombre du traité commercial entre les deux continents étaient déjà l’objet d’une mobilisation parisienne organisée par le collectif ATTAC en septembre 2017. Au micro de notre reporter, présent sur place, l’économiste et porte-parole de l’organisation, Maximes Combes, co-auteur d’un rapport sur les conséquences du CETA, résumait alors les dangers d’un tel traité pour la planète et notre santé.

À l’époque, le mot d’ordre était simple: “CETA, no pasaran!”, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.

Quatre risques majeurs

Aujourd’hui, à la veille d’une très probable ratification, ces mêmes risques demeurent. Pour Maxime Combes, il y en a quatre qui se dégagent des centaines d’articles qui composent le traité:

  • Une hausse de la pollution, fatalement liée à la hausse des importations et des exportations.
  • Une difficulté pour les États de légiférer. Face aux droits des investisseurs, les droits des États semblent faibles.
  • Une alimentation moins saine. Les importations pourraient empêcher le développement de la production locale et des circuits courts.
  • Un affaiblissement des normes. Les normes canadiennes sont moins contraignantes que celles de l’Union européenne et en particulier celles de la France.

Ces risques, évoqués il y a deux ans, sont toujours d’actualité dans le texte appelé à être ratifié à l’Assemblée ce mercredi, nous explique à nouveau Maxime Combes. Et certains sont déjà effectifs. Non seulement, en effet, le CETA s’applique déjà depuis dix-huit mois, à titre provisoire, mais le flou du gouvernement français sur certaines questions semble en plus leur donner du corps.

Le spectre des farines animales

Récemment, ce sont les farines animales, à cheval dans le chapitre “Alimentation moins saine” et “Affaiblissement des normes”, qui ont fait parler d’elles. Alors que le gouvernement assurait que la législation européenne empêcherait les bœufs canadiens nourris de “viande et d’os” d’arriver jusqu’à l’Hexagone, il n’a pas fait mention des autres types de farines transformées (mélange de poils, de sang ou de gras, aussi appelé “protéines animales transformées”) interdites dans l’Union européenne au nom du “non-cannibalisme”. Comme le révèle le journal Le Monde, Jacques Maire, l’un des rapporteurs du projet de ratification a fini par reconnaître qu’“une incertitude demeurait effectivement sur cette question.”

Même topo pour les viandes dopées aux antibiotiques. Interdites en Europe au nom du principe de précaution, aucune clause sure n’est inscrite dans le traité pour empêcher leur arrivée du Canada. Pire, le Canada et quinze autres pays ont même déposé une réclamation contre les mesures sanitaires récemment introduites par l’UE.

Au-delà de ces risques pour la santé des consommateurs et pour le bien-être animal, ces différences de normes pourraient mettre également à mal les agriculteurs français. Une concurrence canadienne féroce aux moyens opposés et démultipliés pourrait, à moyen et long termes, pousser les producteurs européens à forcer, eux aussi, une agriculture intensive et à passer aux cultures hors-sol. De quoi là encore, augmenter considérablement l’impact sur le climat.

À la veille du scrutin, un ultime rassemblement citoyen a eu lieu devant l’Assemblée nationale à l’appel du collectif “Stop Tafta et CETA” mené par ATTAC. Et près de 72 associations et organisations, dont Greenpeace et “Notre affaire à tous” ont signé une lettre commune afin d’appeler les députés à ne pas voter en faveur du traité tel qu’il va être présenté.

source : Huffington Post

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