Premier bilan d’un an de mise en œuvre de l’accord d’association avec l’Union européenne

Liberté (Algérie) | Dimanche 17 Septembre 2006

Premier bilan d’un an de mise en œuvre de l’accord d’association avec l’Union européenne

Des résultats mitigés

Par : Meziane Rabhi

Le soutien à la mise à niveau des entreprises reste timide.

L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne vient de boucler sa première année de mise en œuvre. En l’absence d’une étude d’impact, il est très difficile de tirer des conclusions. Les seules indications disponibles sont les statistiques douanières.

Ces dernières font ressortir globalement l’expiration du contingent pour plus de 45 produits. Le contingent est épuisé, entre autres, pour le sucre, les bières, les vins, les vaches laitières, les génisses pleines et vêles, les poussins, la margarine...

Entre-temps, il y a eu la tenue de la première session du Conseil d’association Algérie-Union européenne, une instance censée, à travers les comités d’association, corriger les déséquilibres engendrés par la mise en œuvre de l’accord. Ceux qui ont eu à étudier, dans le détail, le texte de l’accord ont décelé un déséquilibre dans les concessions entre les deux parties, laissant apparaître un avantage flagrant pour l’Union européenne. La commission technique de suivi de l’accord a eu à examiner neuf requêtes émanant, entre autres, de Cevital, de Propal, de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie, de la Sarl Bimo, de BCR et de Fertial. Il est, bien sûr, encore trop tôt pour tirer un quelconque bilan sur le volet économique. Le véritable démantèlement, pour les produits industriels finis et semi-finis, n’intervient qu’au bout de la deuxième année de l’entrée en vigueur de l’accord.

Du coup, en raison du schéma de démantèlement retenu (baisse progressive de la protection tarifaire des biens de consommation durable), les entreprises nationales doivent exploiter les premières années de l’accord pour se préparer à faire face à la concurrence sur le marché intérieur des produits industriels européens.

Sur ce plan, l’ouverture de l’économie algérienne se prépare mal. Jusqu’à fin mars 2006, l’administration centrale de l’industrie a reçu un peu plus de 340 demandes d’adhésion au programme émanant d’entreprises publiques et privées, parmi lesquelles 333 ont été traitées.

Sur ce total, 228 remplissant les conditions ont été retenues et ont reçu le feu vert pour lancer l’étude de diagnostic. Certaines d’entre elles ont finalisé l’étude et soumis le dossier pour passer à l’étape suivante, à savoir la mise en œuvre du plan de mise à niveau. Parmi les 129 entreprises ayant soumis leur plan après avoir finalisé le diagnostic, le comité en a traité 119 qui devaient se voir déterminer les actions et le montant qui leur sera accordé.

Au final, jusqu’à fin mars dernier, 117 entreprises, dont 72 issues du secteur public et 45 du privé, devaient bénéficier des aides du fonds pour l’application de leur plan de mise à niveau. 17 d’entre elles seulement ont achevé leur plan de mise à niveau et sont donc déclarées “mises à niveau”, alors que les 100 restantes sont en voie de l’être et devraient le devenir incessamment. Le résultat est franchement décevant ; le démantèlement tarifaire, prévu dans l’accord d’association en vigueur depuis 11 mois, connaîtra, dans une année, sa phase cruciale.

L’entreprise algérienne n’arrive pas à conquérir le moindre marché extérieur mais, plus encore, elle perd chaque jour un peu plus ses parts du marché intérieur. Celles qui sont capables de conquérir des parts de marché à l’international se comptent sur les doigts d’une seule main. Le niveau des exportations hors hydrocarbures illustre parfaitement le manque de compétitivité de l’économie algérienne. Du coup, il est aisé de prévoir les conséquences lorsque le démantèlement tarifaire atteindra la phase de maturation.

Les entreprises tunisiennes et marocaines, pourtant plus aguerries à la compétition commerciale et au libre-échange, travaillent depuis déjà quelques années à développer leurs facteurs de compétitivité et appliquent des plans de mise à niveau soutenus massivement par l’État.

À l’évidence, notre pays ne dispose pas, aujourd’hui, d’une stratégie de construction de la nouvelle économie, plus compétitive et plus diversifiée. Un programme de rattrapage dans l’équipement du pays, aussi utile et nécessaire soit-il, ne saurait remplacer de véritables politiques structurelles. La complexité de la mise en œuvre de cet accord international majeur n’interroge pas que les performances des entreprises. Il concerne également et au premier chef celles de l’administration économique et commerciale

Meziane rabhi

source : Liberté

Printed from: https://www.bilaterals.org/./?premier-bilan-d-un-an-de-mise-en