Ile Maurice: Le sucre bute sur de nouveaux obstacles en Europe

L’Express (Port Louis) | 17 Septembre 2007

Ile Maurice: Le sucre bute sur de nouveaux obstacles en Europe

Akilesh Roopun
Port Louis

L’Europe pourrait accorder des quotas régionaux pour l’exportation de sucre. Ce qui placerait le pays en situation de concurrence face aux gros producteurs dont le Cuba et le Brésil.

Sous le Protocole sucre, le pays bénéficie d’un quota unique pour exporter. Mais l’Europe veut le rendre compatible aux normes de l’OMC.

De nouvelles craintes entourent le sucre mauricien. Les modifications au marché sucrier européen à partir de 2009 représentent de gros dangers à la compétitivité de l’industrie. L’Europe pourrait accorder des quotas régionaux à la place d’un quota unique comme c’est le cas actuellement sous le Protocole sucre. Cela implique que Maurice aura à concurrencer de manière frontale des pays, comme le Zimbabwe où les coûts de production du sucre sont nettement inférieurs aux nôtres.

Le ministre des Affaires étrangères et du Commerce international, Madan Dulloo, a rencontré Peter Mandelson, le commissaire européen au Commerce, vendredi dernier à Bruxelles. Il lui a exposé les inquiétudes de Maurice et d’autres pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sur ces nouvelles dispositions. Celles-ci relèvent des Accords de partenariat économique (APE) qui remplacent à partir de l’année prochaine le régime d’échanges préférentiels existant entre l’Union européenne et les ACP.

La Commission européenne a pris des dispositions pour "dénoncer" le Protocole sucre, c’est-à-dire le rendre compatible aux normes de l’Organisation mondiale du commerce.

"Les changements préconisés par l’Europe nous mettent pratiquement dans une situation de marché libre. Nous n’avons pas les moyens de concurrencer les gros producteurs comme le Brésil et le Cuba dans ces conditions. Nous devons tout entreprendre pour préserver nos préférences", soutient Madan Dulloo dans une déclaration à l’express. "Les ACP ont affiché une solidarité sur la question. Il y avait à un moment donné des craintes au sujet d’une éventuelle divergence au sein du groupe entre les pays moins avancés et ceux des revenus intermédiaires."

Mais il n’y a pas que le sucre qui est source de mésententes entre l’Europe et Maurice ces temps-ci. Les négociations autour de la conclusion d’un APE piétinent alors qu’un accord doit intervenir d’ici le 31 décembre. Le temps presse. Maurice cherche une voie rapide pour conclure les négociations de l’Accord de partenariat économique (APE) à temps.

Le bloc ACP s’est constitué en différentes régions dans le cadre de ces négociations. Maurice fait, elle, partie de la zone Eastern and Southern Africa (ESA). Et les choses tardent en raison des différends entre les seize membres de cette région.

Voie rapide pour Maurice ?

"Nous avons exposé nos problèmes à Peter Mandelson. Nous voulons bouger vite, sur les services notamment. De ce fait, nous avons discuté de la possibilité d’une voie rapide pour Maurice", a affirmé Madan Dulloo dans un commentaire à l’express hier soir.

La non-conclusion d’un accord d’ici le 31 décembre aura des effets négatifs sur nos exportations vers l’Europe dans la mesure où les préférences tarifaires dont jouit le pays ne s’appliqueront pas.

L’ambassadeur de Maurice à Bruxelles, Sutiawan Gunessee, et Bobby Madhub du parquet faisaient partie de la délégation qui a rencontré Peter Mandelson.

Plusieurs réunions de haut niveau sont prévues dans les prochaines semaines en vue de débloquer la situation. S’ouvre aujourd’hui à Kigali au Rwanda une réunion de diplomates et techniciens de l’ESA et de l’Europe. Cette rencontre sera suivie de celle des ministres du Commerce international de l’ESA en octobre à Djibouti.

Les ministres de la zone rencontrent leurs vis-à-vis européens pour une ultime étape de négociations à la mi-novembre à Bruxelles.

source : AllAfrica.com

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