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Quand l’État vénézuélien se met à fabriquer des céréales Kellogg’s

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Courrier International | 15 novembre 2023

Quand l’État vénézuélien se met à fabriquer des céréales Kellogg’s

par Emilien Pérez

Le géant américain de l’agroalimentaire a déposé un recours contre le Venezuela devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements. Alors que l’entreprise a quitté le pays en 2018, elle accuse le gouvernement du président Maduro d’avoir continué à produire diverses marques de céréales en utilisant les mêmes logos et conditionnements.

Le géant américain de l’agroalimentaire Kellogg’s a décidé de poursuivre en justice le gouvernement vénézuélien “pour usage abusif” de ses marques, selon le média vénézuélien El Nacional. L’entreprise accuse l’administration de Nicolás Maduro d’avoir produit certaines de ses céréales emblématiques – des Corn Flakes aux Frosties – sans son autorisation et en utilisant les mêmes logos pour les faire passer pour des produits officiels. Le 9 novembre, un recours a été déposé devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi).

Après plus de cinquante ans passés au Venezuela, le fabricant de céréales avait quitté le pays en 2018. Un départ motivé par la grave crise économique qui perdure dans le pays, compliquant l’accès aux matières premières, mais aussi par l’hyperinflation et l’instabilité juridique.

Réélu cette même année au terme d’élections contestées, Nicolás Maduro avait profité de cet exil forcé pour dénoncer une “guerre des multinationales et de l’impérialisme contre son pays”, rappelle le média Runrun. Il avait alors ordonné l’expropriation de l’entreprise de ses installations afin de céder sa gestion aux travailleurs.

Slogans chavistes

La majeure partie des 400 salariés du site de production Kellogg’s, situé dans la ville de Maracay, dans le centre du pays, avaient rapidement renoncé à leur emploi, mais ils avaient immédiatement été remplacés. Les nouveaux employés étaient payés l’équivalent de 13 dollars mensuels, soit quatre fois moins que leurs prédécesseurs, et demeuraient surveillés par des hommes armés, assurait la BBC dans un article publié en novembre 2019.

Les céréales qui sortaient de l’usine adoptaient le même conditionnement et le même logo que les produits “officiels” de Kellogg’s. Certaines boîtes étaient même agrémentées du slogan chaviste “Ensemble tout est possible”. Selon Runrun, le célèbre coq, mascotte de la marque de corn-flakes, est même apparu bardé d’un masque durant la pandémie de Covid-19 : un changement effectué “sans autorisation et qui violait les droits d’auteur” de la marque, selon Kellogg’s.


 source: Courrier International