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Signature des Ape : Nouvelle impasse autour des négociations

Signature des Ape : Nouvelle impasse autour des négociations

YAOUNDE - 9 FEVRIER 2009

L’Afrique centrale fait des concessions devant des négociateurs européens toujours inflexibles.

Un énième round des négociations entre pays d’Afrique centrale et de l’Union européenne devant permettre d’aboutir à la signature d’un Accord de partenariat économique (Pae) global entre les deux communautés se joue à Libreville, au Gabon, depuis le 2 février dernier. C’est ce que révèle un communiqué presque alarmiste de la Plateforme des acteurs non étatiques d’Afrique centrale (Paneac), rendu public le 5 février dernier à Libreville, et dont Mutations a pu obtenir copie. Selon ledit communiqué, "après quatre jours de travaux, les négociations tendent à nouveau vers l’impasse pour deux raisons principales : le manque de flexibilité de l’Union européenne (Ue) sur toutes les questions en discussion, et le recul de la partie européenne sur plusieurs points concernant le volet développement des Ape".

"Malgré le discours de Mme Ashton, actuelle commissaire européenne au Commerce, qui prône la flexibilité, les négociateurs européens restent figés sur leurs positions, alors que l’Afrique centrale a fait de nombreuses concessions", dénonce le Paneac. A titre d’exemple, cette plateforme de militants de la société civile indique qu’au sujet du taux de la libéralisation dans le commerce des marchandises, l’Afrique centrale est désormais prête à accepter un taux de libéralisation de 71% sur une période de 20 ans, après avoir longtemps campé sur un taux de 60% sur une période de 25 ans. Mais malgré cette concession des négociateurs d’Afrique centrale, la délégation des négociateurs européens insiste, comme c’est le cas depuis le début des négociations, sur un taux de libéralisation de 80% échelonné sur une période de 15 ans.

Solidarité

Par ailleurs, toujours selon le communiqué du Paneac, les négociateurs de l’Union européenne, sont désormais réfractaires à toute idée d’intégrer la dimension développement des pays d’Afrique centrale dans les Ape. A en croire le Paneac, un haut fonctionnaire conduisant la délégation européenne présente à Libreville, a clairement indiqué que "la Commission européenne a reçu mandat pour négocier un accord commercial et non un accord de coopération au développement". Une nouvelle position européenne considérée comme une reculade, dans la mesure où, lit-on dans le communiqué du Paneac, l’Union européenne avait déjà promis de "consacrer 75% des fonds européens de développement (Fed) à la mise en œuvre de l’Ape". Ce revirement que le communiqué trouve "inquiétant" justifie-t-il le fait que soit ignoré jusqu’à nos jours le document d’orientation conjoint pour le renforcement des capacités et la remise à niveau des entreprises d’Afrique centrale, sur lequel les deux parties se sont accordées depuis 2007?

En tout cas, au regard de ce qui précède, le Paneac soupçonne l’Ue de "vouloir bloquer les négociations au niveau des experts afin de recourir aux instances politiques". De ce point de vue, l’on se souvient que le président de la Commission européenne, Juan Manuel Barroso, avait déjà sollicité l’année dernière, dans une correspondance adressée aux six chefs d’Etats de la zone Cemac, "une intervention politique" de leur part pour sauver la signature des Ape dont les négociations sont dans l’impasse depuis 2007. Ce qui a conduit à la signature le 125 janvier dernier d’un Ape intérimaire entre le Cameroun et l’Ue, au mépris du principe de solidarité régionale. Est-ce tout cela que le Paneac appelle "des méthodes paternalistes et humiliantes" visant à imposer les vues de l’Ue dans ces négociations?

Face à cette nouvelle impasse, le Paneac, non sans avoir dénoncé les négociateurs d’Afrique centrale de "manquer de détermination dans la préservation des intérêts de la région, et de manquer de solidarité pour les intérêts nationaux", exhorte ces derniers à "s’accorder rapidement sur une position forte consensuelle permettant d’affirmer par un signal fort la volonté ferme de la région de faire valoir ses préoccupations de développement et sa détermination à rester solidaire".


 source: Cameroon Info