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Accord UE-Mercosur : à nouveau repoussé, mais pas abandonné. L’UE vise fin février pour le finaliser

Photo: Johanna de Tessieres/Greenpeace

Collectif Stop CETA Mercosur | 23 décembre 2023

Accord UE-Mercosur : à nouveau repoussé, mais pas abandonné. L’UE vise fin février pour le finaliser

Le pire a été évité : grand était le risque de voir l’UE et les pays du Mercosur conclure l’accord de libéralisation du commerce entre les deux blocs en cette fin d’année 2023. Les négociations techniques ont été intensifiées en octobre et novembre, et l’UE et le Brésil ont déployé une intense activité diplomatique début décembre pour obtenir un accord de dernière minute à l’occasion du sommet des pays du Mercosur tenu le 7 décembre à Rio de Janeiro, quelques jours avant l’entrée en fonction du nouveau président argentin. Finalement, aucun accord n’a été trouvé. C’est une bonne nouvelle mais pas la fin de l’histoire puisque l’UE et les pays du Mercosur appellent à une finalisation de l’accord d’ici février 2024. Les organisations de la société civile opposées à cet accord ne sauraient l’accepter.

Rarement autant d’efforts diplomatiques ont été déployés pour tenter de finaliser, et de sauver, un accord de libéralisation du commerce négocié depuis plus de 20 ans : sous présidence espagnole de l’UE, la Commission européenne et le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, soutenus par de nombreux États, ont multiplié les initiatives, et les pressions en tout genre, pour tenter d’obtenir une conclusion des négociations entre l’UE et les pays du Mercosur avant la fin de l’année 2023. Ils n’y sont pas arrivés.

C’est dans la plus grande opacité et derrières portes closes que de nombreuses réunions techniques et politiques se sont tenues en octobre et novembre pour tenter de finaliser cet accord si nocif. Leur souhait ? Utiliser le sommet des pays du Mercosur tenu le 7 décembre à Rio de Janeiro pour annoncer une conclusion des négociations. En vain. L’élection de Javier Milei en Argentine a conduit l’exécutif argentin sortant à ne pouvoir conclure, tandis que l’exécutif français, qui n’a pas daigné répondre à nos multiples interpellations (voir notre courrier à Olivier Becht), aurait freiné la possibilité d’une conclusion de l’accord.

En conclusion de ce sommet du Mercosur, l’UE et le Mercosur ont publié un communiqué commun indiquant que « des progrès considérables » avaient été accomplis et que « les négociations se poursuivraient » avec pour objectif de déboucher « rapidement [sur] un accord ». Plus récemment encore, le ministre brésilien des affaires étrangères a indiqué que les deux blocs allaient continuer à négocier jusqu’à la première quinzaine de février », précisant qu’il était « possible d’avancer et finaliser cet accord ». Quant au commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, il s’est depuis entretenu avec le ministre des affaires étrangères du Paraguay, qui prend la présidence tournante du Mercosur, et les deux ont convenu de « continuer les négociations intensément ».

Selon la presse argentine, l’UE et les pays du Mercosur souhaiteraient pouvoir annoncer la finalisation de l’accord lors de la Conférence ministérielle de l’OMC qui se tiendra du 26 au 29 février à Abou Dabi (Emirats arabes unis).

Citations :

Pour Maxime Combes, économiste à l’Aitec et co-animateur du collectif national Stop-Mercosur, « à nouveau repoussé, l’accord UE-Mercosur doit désormais être enterré et non ressuscité comme le souhaite la Commission européenne. Cet accord viande-voitures est à rebours des enjeux climatiques actuels. Emmanuel Macron doit construire une minorité de blocage en Europe en mesure de renvoyer cet accord dans les poubelles de l’histoire. »

Pour Nicolas Roux d’Attac France, « l’échec des renégociations cette année est un résultat positif pour les populations européennes et du Mercosur. Mais il est aujourd’hui inquiétant de voir le destin de l’accord commercial dépendre du nouveau président argentin, un ultralibéral et climatosceptique. Nous continuerons à faire pression pour l’abandon formel de cet accord déséquilibré et néocolonial, en plaidant pour une nouvelle collaboration transatlantique enracinée dans les valeurs démocratiques, la solidarité internationale et la souveraineté des peuples. »

Rappel sur l’accord UE-Mercosur :

En ramenant à zéro les droits de douane sur 90 % des biens échangé entre les deux continents, cet accord instituerait un marché de 720 millions de consommateurs. Après l’élection de Lula en novembre 2022, la Commission européenne avait fait du premier semestre 2023 une « fenêtre d’opportunité » pour le finaliser. En vain. Depuis, Bruxelles a maintenu la pression et a obtenu des pays du Mercosur qu’ils fournissent enfin une réponse écrite aux propositions de la Commission pour finaliser l’accord. Cette contre-proposition du Mercosur soulève bien des questions tant sur son interprétation que sur les enseignements politiques et stratégiques à en tirer. C’est sur cette base que des négociations se sont réouvertes en octobre 2023. Elles n’ont pas abouti.


 source: Collectif Stop CETA Mercosur