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L’Uruguay veut accélérer les négociations commerciales avec la Chine et le Mercosur et met la pression sur le Paraguay

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Zone Bourse - 24 novembre 2023

L’Uruguay veut accélérer les négociations commerciales avec la Chine et le Mercosur et met la pression sur le Paraguay

par Reuters

La Chine, deuxième économie mondiale, est déjà un investisseur majeur en Amérique du Sud et a offert à quatre pays un accès sans droits de douane à son immense marché de consommation.

Un accord de libre-échange (ALE) avec le Mercosur constituerait toutefois une récompense intéressante pour Pékin, car il permettrait de faire pression sur le Paraguay, le dernier pays d’Amérique du Sud encore lié à Taipei, pour qu’il reconsidère ses liens avec Taïwan, que la Chine considère comme faisant partie de son territoire.

M. Lacalle Pou a d’abord proposé un accord de libre-échange avec la Chine en 2021 afin de garantir à ses exportateurs des opportunités similaires à celles dont bénéficient le Chili, le Costa Rica, l’Équateur et le Pérou, mais il se heurte à l’opposition des autres membres du Mercosur, à savoir l’Argentine, le Brésil et le Paraguay, qui souhaitent plutôt mettre en place un accord de libre-échange avec l’Europe.

"L’Uruguay est fermement engagé dans des relations étroites avec la Chine et une participation active à l’initiative Belt and Road (BRI)", a déclaré M. Lacalle Pou, selon un compte-rendu de la réunion dans les médias d’État, "et est disposé à... accélérer l’établissement d’un ALE entre l’Uruguay, le Mercosur et la Chine."

La Chine a reçu 27 % des exportations uruguayennes en 2022, selon les données COMTRADE des Nations unies, tandis que le Brésil a acheté 17 % de ses expéditions, et l’Argentine et les États-Unis 6 % chacun.

Mercredi, la Chine et l’Uruguay ont transformé leurs relations bilatérales en "partenariat stratégique global", élevant les liens de Montevideo avec Pékin au niveau de ceux de l’Argentine et du Brésil.

Ce renforcement des liens met la pression sur le Paraguay, qui dépend de l’agriculture et dont les principales exportations sont le bœuf et le soja, et qui n’a pas de liens avec Pékin.

M. Li a déclaré que la Chine et l’Uruguay devraient : "profiter de la signature des documents de coopération de la BRI pour promouvoir une augmentation continue du commerce bilatéral".

En novembre dernier, l’Argentine, le Brésil et le Paraguay ont averti l’Uruguay qu’ils pourraient prendre des "mesures" à son encontre s’il poursuivait son projet de négocier unilatéralement un accord de libre-échange avec la Chine.

Le pays sud-américain a également demandé à adhérer à un important pacte de libre-échange transpacifique auquel la Chine aspire également, mais Montevideo et Pékin doivent tous deux surmonter d’importants obstacles politiques avant de pouvoir adhérer à l’accord.

À l’heure actuelle, le bœuf uruguayen, qui représentait 67 % des exportations du pays sud-américain vers la Chine en 2022, selon les données de COMTRADE, est soumis à des droits de douane de 12 %.

À titre de comparaison, d’autres grands exportateurs de bœuf, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont conclu des accords de libre-échange avec la Chine, paient des droits de douane de 3,3 % et de 0 %.

Dans le cadre du "tarif extérieur commun" du Mercosur, les exportateurs chinois doivent payer des droits de douane de 9 % s’ils souhaitent exporter vers l’Uruguay.

L’Uruguay a failli signer un accord de libre-échange avec les États-Unis en 2006, mais son gouvernement de l’époque a finalement rejeté l’accord par crainte d’être expulsé du Mercosur s’il le faisait.

Selon une étude réalisée par l’Institut national de la viande de l’Uruguay en 2021, si la Chine signe un ALE avec l’Uruguay, l’industrie de la viande peut appliquer un tarif préférentiel de 0 %, ce qui réduira les droits de douane de 150 millions de dollars.


 source: Zone Bourse