bilaterals.org logo
bilaterals.org logo
   

Le « modèle » UE-Tunisie explose

Manifestation à Tunis contre le régime de l’ancien président Ben Ali, le 18 janvier 2011 (Getty)

L’Humanité | 17 Janvier 2011

Le « modèle » UE-Tunisie explose

La relation tient bien plus du pillage que du soutien au développement.

La Tunisie de Ben Ali occupait une place privilégiée dans les relations cultivées par l’Union européenne (UE) avec l’autre côté de la Méditerranée. Dès 1995, le pays a été le premier pays de la rive sud à signer un accord d’association, prélude à l’instauration progressive d’une zone de libre-échange UE-Tunisie. La prochaine étape, qui devait être finalisée en 2012, était l’octroi d’un statut de « partenaire avancé ». Ce qui aurait fait de la Tunisie « un quasi-État membre au plan économique », selon l’expression d’un observateur européen.

Pour son application à la lettre des plans d’ajustement du FMI, pour la libéralisation de son économie conduite à marche forcée, le régime tunisien est présenté systématiquement par Bruxelles comme le bon élève de la classe euroméditerranéenne. Et la relation UE-Tunisie, comme un modèle de soutien au développement.

L’engouement de Bruxelles est à la mesure des affaires florissantes que réalisent dans le pays les groupes européens. Parmi les États membres, la France a enregistré ainsi un flux record d’investissements (près de 300 millions d’euros) en 2008, soit une hausse de 305 % sur l’année précédente. Des chiffres qui s’expliquent notamment par la prise de contrôle de la BTK, une grande banque tunisienne privatisée, par le groupe Caisse d’épargne. Les groupes français et européens ont fait main basse sur l’immobilier, le tourisme et des secteurs industriels comme l’habillement, la sous-traitance automobile ou même l’agroalimentaire.

À chaque fois, le faible coût d’une main-d’œuvre plutôt qualifiée attire les groupes européens. Si ces investissements leur profitent à plein, ils ne satisfont en rien les besoins réels du pays et ne stimulent donc pas in fine l’emploi. C’est dire si ce modèle de développement promu par l’UE explose aujourd’hui en même temps que le régime de Ben Ali.

Bruno Odent


 source: L’Humanité